Ferhat Mehenni : un revirement idéologique qui interroge
Une vidéo d’archives ressurgit et relance les questions sur les alliances, les intérêts géopolitiques et les soutiens extérieurs autour du MAK.
Une séquence vidéo exhumée récemment refait surface dans les débats politiques algériens. On y voit Ferhat Mehenni, fondateur du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) — organisation classée terroriste par les autorités algériennes — se définir comme « profondément algérien, musulman et arabe ». Ces propos, en nette contradiction avec les positions qu’il défend depuis plus de deux décennies, relancent les interrogations : comment expliquer un tel contraste ? Pourquoi ce changement d’angle ? Et surtout, pour quels intérêts Ferhat Mehenni agit-il aujourd’hui ?
Un revirement ou une instrumentalisation ?
Les déclarations qui refont surface datent d’une époque où Mehenni militait encore dans le cadre national algérien, avant sa rupture politique et la création du MAK au début des années 2000. Depuis, il a construit un discours fondé sur l’idée d’un « peuple kabyle distinct » et d’un projet séparatiste assumé.
La vidéo n’a pas tardé à susciter des interrogations : exprime-t-elle une évolution sincère, un repositionnement politique stratégique ?
Pour plusieurs analystes, ce contraste sert aujourd’hui de révélateur : il questionne la cohérence du leader séparatiste et soulève des doutes sur la nature réelle de ses alliances, ainsi que sur les motivations géopolitiques qui entourent son mouvement.
Les observateurs soulignent notamment que ces variations de discours ne relèvent pas seulement d'une évolution personnelle, mais traduisent selon eux une instrumentalisation progressive du leader du MAK par des acteurs extérieurs qui utilisent ses prises de position pour servir leurs propres agendas. Pour ces analystes, les revirements successifs, la réécriture de son parcours politique et l'importance croissante accordée à la communication internationale témoignent moins d'une stratégie autonome que d'une influence dirigée, où Mehenni apparaît comme un relais commode dans une bataille d'influence dépassant largement la seule question kabyle.
Soutiens extérieurs : quels intérêts derrière les appuis au MAK ?
Le MAK bénéficie, selon les autorités algériennes, de relais et de soutiens à l’étranger. Plusieurs entités militantes ou groupes politiques, souvent eux-mêmes engagés dans des causes séparatistes ou autonomistes, ont exprimé publiquement leur appui au mouvement.
Dans certains cas, les spécialistes vont plus loin et estiment que ces soutiens extérieurs ne relèvent pas d’une simple convergence de causes, mais d’une stratégie mûrement réfléchie visant à instrumentaliser le MAK. Ils décrivent ainsi des alliances opportunistes, reposant sur la logique bien connue du « l’ennemi de mon ennemi est mon allié », où Mehenni devient un vecteur utile dans une lutte d’influence régionale. D’autres soulignent la volonté de certains acteurs étrangers de s’implanter dans le Maghreb, en utilisant le mouvement comme porte d’entrée pour étendre leur champ d’action. Enfin, plusieurs experts évoquent des intérêts économiques précis, notamment autour des ressources naturelles de la Kabylie — une région riche en eau, en forêts et dotée d’un sous-sol encore largement inexploité — qui susciteraient des convoitises et expliqueraient ces appuis insistants.
Quels acteurs sont en ligne de mire et quels intérêts poursuivent-ils ?
Selon plusieurs spécialistes, les acteurs soupçonnés d’instrumentaliser le MAK ne se limitent pas à des groupes militants isolés. Ils évoquent notamment certaines organisations transnationales, des réseaux d’opposition en exil, mais aussi des cercles d’influence établis dans des chancelleries occidentales, dont l’implication indirecte s’inscrirait dans des stratégies géopolitiques plus larges. Ces acteurs — souvent liés à des plateformes de lobbying, à des think tanks ou à des mouvements séparatistes internationaux — trouveraient un intérêt à affaiblir la cohésion interne de l’Algérie, dans un contexte où les rivalités régionales et la compétition énergétique prennent de l’ampleur.
Plusieurs analystes voient dans cette dynamique une manifestation des guerres de quatrième génération, où l’objectif n’est plus l’affrontement militaire classique, mais la fragmentation interne d’un État par l’action psychologique, la manipulation de récits identitaires et le soutien ciblé à des mouvements périphériques. Certains rapports publics mentionnent également des appuis financiers connus, provenant d’associations étrangères implantées en Europe et en Amérique du Nord, jouant un rôle de relais pour soutenir la visibilité médiatique et diplomatique du mouvement.
Dans cette optique, les interrogations persistent : ces soutiens cherchent-ils à remodeler l’équilibre géopolitique du Maghreb ? À sécuriser des intérêts économiques liés aux ressources stratégiques de la région ? Ou à exploiter les tensions internes pour affaiblir un acteur régional jugé trop autonome ?**