Festival Babor El Bled: "Nous voulons faire voyager au travers de notre musique."

Paris: le Festival Babor El Bled, une "embarcation artistique pour voyager au travers de la musique

La première édition du festival Babor El Bled se tiendra les 6 et 7 mars 2014 à Paris. Ce festival, organisé par une nouvelle génération d'artistes, née dans l'Algérie des années 70 et 80, a pour but de promouvoir les musiques urbaines maghrébines émergentes . Nassim Kouti, co-organisateur du festival a accepté de nous en dire un peu plus à ce sujet.
 

-. Le Festival est dénommé El Babor El Bled. Y a-t-il une signification à ce nom?
-Oui, il y a même plusieurs significations, plusieurs symboliques. Par rapport à l'exil en particulier, lorsque les gens quittaient leur pays, avant que l'avion ne soit accessible à tous, c'était par bateau qu'ils le faisaient. Le bateau est depuis la nuit des temps la symbolique de l'exil. Cette édition du festival est constituée d'artistes exilés, volontairement ou involontairement. Deuxièmement, "Babor El Bled" parce que ce festival est une embarcation artistique pour voyager avec des artistes, des musiciens qui ont un style musical différent. De la pop en passant par la musique urbaine. Nous voulons faire voyager au travers de notre musique. 

-. Depuis quand préparez-vous ce festival?
-L'idée nous est venue depuis à peu près deux ans. Comment le mettre en place, chercher les financements, etc. On s'y est mis concrètement l'été dernier, les choses se sont dessinées au début de la rentrée. 

-. Dans quelle optique avez-vous organisé ce  festival?
-Dans le but premièrement de faire découvrir cette scène artistique underground. Quand je dis underground, je veux parler de cette expérience musicale qui n'est pas mise en avant, pas médiatisée. Ensuite, on a voulu permettre aux artistes de ce mouvement underground de se rencontrer, et de faire connaissance. Pour finir nous voulons au travers de ce festival qu'on va enregistrer, faire un disque et donner l'envie aux gens d'exploiter ces genres musicaux. 

-. L'Algérie: pourquoi avoir décidé d'axer ce festival sur ce seul pays?
-(Rires) Vous savez il y a un dicton qui dit: "la charité bien ordonnée commence par soi-même". Nous les organisateurs sommes tous algériens. Certes, chacun vient d'un univers différent, du théâtre, du cinéma etc. Mais, nous regardons dans la même direction, nous avons une volonté commune: celle de mettre l'Algérie en avant. Ce pays n'est pas assez représenté. 

-. Vos artistes en effet ont tous un univers différent, en vous rassemblant sur scène, quel message voulez-vous faire passer?
-Le message, c'est qu’en tant qu'Algérien, on peut faire des choses, de belles choses. Les gens ne savent pas se donner la main. S’il y a bien une chose dont je suis fier aujourd’hui, c'est que nous avons réussi à être soudés, chacun de nous a joué le jeu et les résultats sont là. 

-. Vous aviez parlé dans votre communiqué de presse d'enregistrement "fait maison". Doit-on considérer vos artistes comme des self made men? Ont-ils rencontré des difficultés à l'occasion de la production et de la diffusion de leurs albums?
-Bien sûr, tous nos artistes sont passés par l'autoproduction, le bricolage sonore, pour se produire. Tout est parti de là et beaucoup de grands albums ont été faits de cette manière. Certains parmi nous ont commencé dans les rues, le métro et se retrouvent aujourd’hui à jouer sur de grandes scènes, faire des tournées un peu partout dans le monde. Pour ce festival, ce sera du bricolage dans le sens large du terme (Rires). En ce qui concerne la difficulté, les disques se vendent de moins en moins et on sait que la vente de disques ne fait pas vivre l'artiste, ce sont plutôt les concerts qui sont source de revenus. Mais, ce n'est pas une difficulté pour nous parce qu’on peut faire un album chez soi mais, l'essentiel c'est de faire son art, de faire ce qu'on aime et de véhiculer de l'émotion.

-. Cette nouvelle génération de musiciens apporte de nouvelles sonorités. Comment cela est-il perçu? A-t-il été aisé de combiner le traditionnel au moderne?
-Le public algérien apprécie. Aujourd'hui, pour des artistes qui ne font pas de promos, de publicités, on ne s'en sort pas mal. Certains ont eu des prix de reconnaissance musicale internationale, de métal, d'autres font des millions de vues sur internet. Ils ont tous beaucoup de succès plus ou moins confirmé. Avant de se lancer, on ne se demande pas si les gens vont apprécier ou pas. On se lance, et vu comment cette musique est reçue, on se dit que le public a besoin de ces artistes, à besoin de ce nouveau genre de musique. 

-. Paris a de tout temps été l'une des grandes villes d'accueil des Algériens en France. Est-ce cette âme méditerranéenne de la ville qui vous a poussé à la choisir pour accueillir le festival?
-C'est vrai que Paris a été le point de chute de beaucoup d'Algériens mais, la raison de notre choix est beaucoup plus simple que cela. Notre association est basée à Paris et étant donné que nous sommes en autoproduction, nous n'avons pas trop les moyens. Même si nous avons des partenaires qui nous aident beaucoup. Nous avons préféré rester dans notre ville. 

-. Étant donné que vous consacrez votre festival à l'Algérie, que pensez-vous de la situation actuelle du pays?
Ce qui se passe actuellement est tellement compliqué… je considère que ce n’est pas à nous de donner des leçons. Par contre, ce qui nous contrarie beaucoup, c'est que le peuple en pâtisse, alors qu’il n’a rien demandé…

 

Le spectacle Babor El Bled se tiendra à bord de la péniche Parisienne l'Antipode. Le pass pour les deux jours de spectacle est de 15€, 10€ pour un seul concert. Avec possibilité de se restaurer à l'intérieur.