Les migrants sont pointés du doigt par le président Kaïs Saïed (La Presse)

Tunisie : les migrants subsahariens confrontés à un déchainement de haine et de violence dans la ville de Sfax

Pointés du doigt par le président Kaïs Saïed, les migrants se cachent ou tentent désespérément de fuir la ville. Arrêtés par la police, ils sont transportés d’autorité par bus et abandonnés à la frontière avec la Libye  

La chasse aux subsahariens a repris dans la ville de Sfax après une troisième nuit de violence suite à la mort d’un tunisien poignardé lors d’une altercation avec des migrants lundi 3 juillet.

Ces derniers sont de nouveau confrontés à un déferlement de haine. Ils se cachent, évitent de se montrer dans la rue, certains d’entre eux sont escortés par la police, d’autres tentent désespérément de fuir. Tous demandent de l’aide à qui veut bien les entendre. 

De jeunes tunisiens prennent littéralement d’assaut leurs lieux d’hébergement pour les dévaliser avec violence. Mais pas seulement. De nombreux témoignages, rapportés par les agences de presse, révèlent que la police les traque, les arrête et les conduits par bus vers la frontière tuniso-libyenne où ils sont abandonnés à leur triste sort.

Six femmes, dont deux enceintes proche de la date d'accouchement

Dans un communiqué publié mercredi 5 juillet, un groupe d’ONGs tunisiennes et internationales dénoncent « les violations de droits humains dont sont victimes les personnes migrantes, demandeuses d’asile et réfugiées et demandent aux autorités tunisiennes de donner des clarifications sur ces faits et d’intervenir en urgence pour assurer une prise en charge urgences ces personnes ».

Selon ces ONG, « un groupe de 20 migrant·es et demandeurs·ses d’asile venant de l’Afrique subsaharienne a été expulsé vers la frontière tuniso-libyenne (proche de Ben Guerdane) le matin du 2 juillet par des militaires et agents de la garde nationale tunisienne ». 

Ce groupe comprend six femmes (dont deux enceintes y compris une proche de sa date d’accouchement), une jeune fille camerounaise de 16 ans, et 13 hommes.

Ces mêmes organisations rapportent que le 04 juillet, « un second groupe de 100 personnes migrantes et refugiées ont été expulsé au même endroit vers la frontière libyenne. Le groupe comprend plusieurs nationalités notamment ivoiriennes, camerounaises, Guinéennes dont au moins 12 enfants (âgés entre 6 mois et 5 ans) ».

Ce déchainement de violence et de haine à l’égard des migrants subsahariens a été déclenché et encouragé par le président tunisien Kaïs Saïed. « Il existe un plan criminel pour changer la composition du paysage démographique en Tunisie, et certains individus ont reçu de grosses sommes d’argent pour donner la résidence à des migrants subsahariens », avait-il déclaré le 21 février 2023. Comme un appel au meurtre…