Espagne: Majorque mise sur son âme culturelle pour séduire les voyageurs d'automne
À Londres, lors du salon World Travel Market 2025, les Îles Baléares ont dévoilé une nouvelle stratégie qui marque un tournant pour l’un des hauts lieux du tourisme européen. Exit le modèle centré sur le duo « soleil et mer » : place désormais à la culture, à la qualité du séjour et à la désaisonnalisation. « Les Baléares de l’avenir ne seront pas seulement basées sur le soleil et la mer, mais sur la qualité, la culture et les expériences qu’elles offrent », a affirmé la présidente du gouvernement régional, Marga Prohens, devant les acteurs du secteur.
Cette déclaration reflète une mutation profonde : les autorités de l’archipel cherchent à attirer un public différent, plus curieux, plus respectueux, et moins dépendant de la haute saison. Marga Prohens a souligné une tendance nouvelle : les visiteurs britanniques, longtemps pilier du tourisme estival, privilégient de plus en plus les mois de septembre à novembre pour découvrir Majorque, Minorque, Ibiza et Formentera. Une évolution que le gouvernement veut accompagner en misant sur la saison moyenne, la culture et les expériences locales.
Ce repositionnement répond à une urgence devenue impossible à ignorer : la saturation des destinations balnéaires en été. L’archipel accueille près de 20 millions de touristes chaque année — soit vingt fois sa population permanente. « Atteindre de tels chiffres n’est pas durable », a reconnu Marga Prohens dès 2024, évoquant la nécessité de « limiter les excès du tourisme de masse ». Selon le Majorca Daily Bulletin, le gouvernement n’exclut pas de plafonner le nombre de visiteurs dans certaines zones pour protéger l’équilibre local.
Moins de quantité, plus de qualité
La question du surtourisme est devenue centrale : pression sur le logement, hausse des loyers, embouteillages, déchets, pollution sonore et tensions avec les habitants. En mai 2024, près de 10 000 personnes avaient défilé à Palma de Majorque pour dénoncer les effets du tourisme de masse, selon Reuters. Le gouvernement régional a compris le message. L’objectif n’est plus de faire venir « plus », mais de faire venir « mieux ».
La nouvelle stratégie s’appuie sur trois piliers : qualité, durabilité et culture. La culture devient un levier majeur de diversification : restauration du patrimoine, soutien aux festivals, mise en valeur de l’art contemporain. Au salon WTM, les Baléares ont d’ailleurs organisé une table ronde intitulée « The Balearic Islands: The Mediterranean’s avant-garde cultural destination », pour présenter cette orientation.
Sur le plan environnemental, l’archipel s’engage aussi sur la voie d’un modèle plus responsable : meilleure gestion des ressources, protection des zones naturelles et promotion d’un tourisme à faible empreinte carbone. D’après Spain Travel News, les autorités travaillent à la création d’un label de durabilité destiné aux hébergements et entreprises locales.
Les premiers effets se font sentir. D’après Travel Weekly UK, la fréquentation en dehors de la haute saison a déjà progressé en 2025, portée par la promotion d’un tourisme plus culturel et expérientiel. Cette « désaisonnalisation » est perçue comme une chance : elle soulage les infrastructures, maintient l’activité économique toute l’année et améliore la qualité de vie des résidents.
Pour les voyageurs, ce changement ouvre une nouvelle perspective : celle d’un séjour plus authentique, centré sur la découverte du territoire, de sa gastronomie et de sa création artistique. Pour les habitants, c’est l’espoir d’un meilleur équilibre entre vie locale et activité touristique. Et pour les Baléares, c’est la promesse d’un modèle plus durable, où le mot « accueil » retrouve tout son sens.
Photo: (DR)