degagercd.jpg

Tunisie : dissolution du RCD, pivot central du système Ben Ali

Le tribunal de première instance de Tunis a décidé mercredi de dissoudre le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD), parti du président déchu Ben Ali.

Le tribunal également prononcé la «saisie de tous les biens et avoirs du RCD par le biais de l'administration des domaines de l'État». Le ministère tunisien de l'Intérieur avait suspendu le 6 février le RCD de toute activité.

Les citoyens tunisiens étaient évidement nombreux pour assister à ce jugement historique, inimaginable il y encore quelques mois. Ils ont accueilli la décision du tribunal par des « RCD dégage » et «Tunisie libre», non sans entonner l’hymne national.

Le jugement fait suite à une requête déposée par le ministre de l'Intérieur, dont le représentant, Me Faouzi Ben Mrad, a estimé que le RCD avait notamment enfreint plusieurs articles de la loi sur les partis.

L'avocat a fait valoir les multiples amendements à la Constitution introduits par le RCD depuis 1988, qui ont «conduit à l'effritement du régime républicain, à l'atteinte à la souveraineté du peuple et à la transformation du régime politique du pays en un régime personnalisé et tyrannique».

Me Ben Mrad a également accusé des membres du RCD d'avoir été à l'origine des «événements dramatiques» survenus dans différentes régions du pays après la fuite de Ben Ali, «ce qui a conduit à la propagation de la terreur et à la mort de plusieurs martyrs».

S’agissant du mode de fonctionnement du RCD et de son important patrimoine, Me Ben Mrad a rappelé que le parti ne présentant pas ses bilans financiers annuels à la Cour des comptes, considérant que ses biens étaient «acquis par voie de pillage de l'argent du peuple».

Les avocats du RCD ont vainement tenté de dédouaner le RCD, plaidant que les arguments avancés «ne constituent pas un motif pour la dissolution du parti et la saisie de ses biens», et responsabilisant «l’ancien régime et certaines de ses structures».

Le RCD était une véritable chape de plomb sur la société tunisienne. Instrument d’exercice d’un pouvoir dictatorial, il occupait toute la scène politique, entretenant de vastes réseaux de clientèle, usant de toutes les formes de pression sur la population, chantage, délation, abus de pouvoir.

Étroitement lié à la police politique, l’appareil avait de multiples ramifications dans les administrations et les secteurs importants de l'économie tunisienne, pour la préservation des intérêts du clan Ben Ali.