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Gaza : l’accord inespéré entre le Hamas et Israël, une trêve fragile sur les ruines d’un génocide

L’annonce, mercredi 8 octobre, d’un accord entre Israël et le Hamas sur la première phase du plan de paix du président américain Donald Trump a suscité un immense soulagement, teinté d’une amertume profonde. Cet accord, fruit de pourparlers indirects en Égypte, apparaît comme une bouffée d’oxygène dans un conflit qui a plongé la bande de Gaza dans l’enfer.

De prime abord, il est salutaire. Il met fin, du moins temporairement, au cycle ininterrompu d’assassinats de civils gazaouis, survivants miraculeux de bombardements israéliens d’une intensité inouïe qui ont dévasté l’enclave. Il va enfin permettre l’entrée urgente d’une aide humanitaire vitale pour soulager une population agonisant sous le joug d’une faim organisée par le gouvernement israélien, une stratégie de siège criminelle. En Israël, il met un terme à l’attente angoissante des familles des otages détenus par le Hamas, promettant leur retour très prochain, y compris celui des dépouilles des captifs décédés.

L’horreur jusqu’aux dernières heures

Cependant, il serait indécent de céder à un triomphalisme naïf. Cet accord intervient dans un contexte qui en souille immédiatement la portée morale. L’Histoire retiendra avec une particulière horreur que jusqu’aux dernières heures précédant le cessez-le-feu, l’armée israélienne a poursuivi ses frappes meurtrières, s’empressant littéralement de tuer un maximum de civils avant que le gong ne sonne. Cette frénésie de violence, d’une sauvagerie calculée, démontre un mépris absolu pour la vie palestinienne. Parallèlement, l’opération de nettoyage ethnique visant à vider Gaza de ses habitants se poursuivait, l’armée israélienne appelant les civils à ne pas retourner dans le nord de l’enclave, consolidant ainsi une épuration démographique en cours à la veille même de la signature. Le blocus humanitaire, crime de guerre permanent, n’est quant à lui pas levé ; il est seulement – et c’est crucial – temporairement assoupli.

Passée cette première étape salvatrice mais tardive, des incertitudes demeurent. Le plan de Trump en 20 points dessine une route longue et semée d’embûches. L’accord prévoit le retrait des troupes israéliennes jusqu’à une «ligne convenue», mais quelles sont les garanties qu’Israël respectera cet engagement ? L’histoire des précédents cessez-le-feu incite à la plus extrême méfiance. La puissance coloniale ne risque-t-elle pas de maintenir des positions militaires menaçantes, rendant toute vie normale impossible pour les civils ? La question cruciale de l’administration future de Gaza reste elle aussi dans le flou. Le communiqué du Hamas évoque la fin de la guerre et le retrait israélien, mais reste silencieux sur le désarmement du mouvement, une pierre angulaire du plan américain. Qui gouvernera les ruines ? Une autorité palestinienne transitoire ? La communauté internationale ? Le diable se cache dans ces détails, et le risque de voir Israël instrumentaliser ces zones d’ombre pour justifier de nouvelles opérations militaires est réel.

Une intervention tardive de Donald Trump

Le rôle de Donald Trump dans cette séquence est à double tranchant. S’il a effectivement exercé une pression décisive pour forcer la main aux belligérants, son action arrive bien trop tard. Le président américain, qui affiche une fierté ostentatoire et se présente en « président de la paix », aurait pu et dû agir bien plus tôt pour contraindre son allié israélien à négocier. Des milliers de vies gazaouies, sacrifiées sous les bombes, auraient pu être épargnées si la diplomatie américaine avait fait preuve de la même célérité il y a des mois. Son intervention, bien que saluée, porte l’odeur du sang séché et semble autant motivée par un agenda électoral domestique que par un souci humanitaire authentique.

Enfin, l’Histoire jugera sévèrement la position lamentable et complice des dirigeants européens. Alors que les peuples, à travers le monde, se mobilisaient avec une forte indignation pour dénoncer un génocide en direct, les capitales européennes sont restées figées dans un silence assourdissant ou dans un soutien tiède à la « légitime défense » d’Israël. Cette abdication morale face à la tragédie humaine la plus criante de ce début de siècle restera comme une tache indélébile sur le bilan de l’Union européenne.

Cet accord est un pansement posé sur une plaie béante. Il soulage une souffrance immédiate et c’est en cela qu’il est précieux. Mais il ne doit pas faire oublier l’ampleur des crimes commis, la responsabilité écrasante d’Israël et de ses soutiens, ni les terribles incertitudes qui pèsent sur l’avenir. La trêve est fragile, la paix est lointaine, et la justice pour le peuple de Gaza reste à construire sur les décombres de ses maisons et de ses vies brisées.

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