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Réguler le tourisme de croisière : entre urgences environnementales et pressions locales

Face à l’explosion du nombre de paquebots géants et aux nuisances qu’ils entraînent, plusieurs villes côtières ont décidé de serrer la vis. Entre mesures environnementales, restrictions d’accès et nouvelles taxes, un mouvement mondial émerge pour encadrer un secteur souvent critiqué, mais économiquement vital.

Chaque année, des millions de voyageurs débarquent des navires de croisière pour quelques heures de visite. Un flux massif qui génère des retombées économiques, mais aussi des nuisances de plus en plus contestées : pollution atmosphérique, bruit, saturation des centres-villes, tensions avec les habitants. Face à ces défis, de nombreuses métropoles portuaires ont décidé de reprendre le contrôle.

Venise a été l’un des symboles de cette prise de conscience. Après des années de mobilisation citoyenne, les autorités italiennes ont interdit en 2021 l’accès des grands navires au cœur historique de la lagune. Désormais, les paquebots doivent s’amarrer à Porto Marghera, hors du centre, afin de réduire les risques pour l’écosystème fragile et de limiter les foules déversées sur la place Saint-Marc. Une décision spectaculaire qui a ouvert la voie à d’autres initiatives.

À Barcelone, ville très fréquentée par les croisiéristes, la municipalité a imposé des restrictions sur les quais d’accueil et a mis en place une taxe dédiée aux navires internationaux. Objectif : réduire les émissions de dioxyde d’azote, un polluant majeur lié à l’activité portuaire, et compenser les coûts environnementaux induits par les milliers de passagers en escale. La ville encourage également l’électrification des quais pour permettre aux navires de couper leurs moteurs à l’arrêt, une technologie en plein essor en Europe.

En France, Marseille, longtemps considérée comme un point noir en matière de pollution maritime, a engagé une transition similaire. Le port développe l’alimentation électrique à quai et travaille avec les compagnies pour réduire les émissions de soufre et de particules fines. Parallèlement, la région Sud a mis en place des mesures incitatives et des contrôles renforcés, visant à faire évoluer les pratiques d’un secteur en pleine croissance.

Réduire les émissions de gaz à effet de serre des navires

Dans les Caraïbes, haut lieu du tourisme de croisière, plusieurs îles réfléchissent à limiter le nombre de navires accueillis simultanément. Les Bahamas et la Barbade ont ainsi engagé des discussions sur des quotas journaliers, afin d’éviter la saturation et de protéger leurs récifs coralliens, déjà fragilisés par le réchauffement climatique.

Mais la régulation ne se limite pas aux villes portuaires. L’Organisation maritime internationale (OMI) a adopté des normes plus strictes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des navires. Les compagnies, poussées par la pression internationale, investissent désormais dans des technologies plus propres : carburants alternatifs, optimisation de trajectoires, motorisations hybrides.

Reste que le débat est loin d’être clos. Les compagnies de croisière défendent l’emploi et les retombées touristiques, tandis que les habitants pointent les nuisances et l’impact environnemental. Entre attractivité économique et protection des écosystèmes, les villes cherchent un équilibre délicat.

Ce mouvement global de régulation marque toutefois un tournant : sous la pression sociale et écologique, le tourisme de croisière n’est plus intouchable. Les mesures se multiplient, les habitudes changent, et la transition s’accélère. Pour les cités portuaires, l’enjeu n’est plus seulement d’accueillir les croisiéristes, mais de préserver leur avenir.

 

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