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Méditerranée en surchauffe : la posidonie, poumon vert en danger

Sous l’effet du réchauffement climatique, la Méditerranée se transforme en mer tropicale. Les scientifiques alertent sur la disparition accélérée des herbiers de posidonie, une plante sous-marine essentielle à la vie marine et à la protection des côtes. Un enjeu écologique majeur pour l’avenir du littoral méditerranéen.

La Méditerranée, mer fermée parmi les plus fréquentées du monde, se réchauffe 20 % plus vite que l’océan global. Depuis trente ans, sa température moyenne a augmenté de plus d’un degré, un bouleversement qui n’épargne aucun écosystème. Parmi les victimes les plus emblématiques de ce dérèglement : les herbiers de posidonie, ces vastes prairies sous-marines qui tapissent les fonds côtiers et abritent une biodiversité exceptionnelle.

La posidonie (Posidonia oceanica) n’est pas une algue, mais une véritable plante à fleurs, dotée de racines, de tiges et de feuilles, comme celles des prairies terrestres. Elle ne pousse qu’en Méditerranée, entre la surface et une quarantaine de mètres de profondeur. Ces herbiers verts denses constituent un habitat vital pour des milliers d’espèces de poissons, de crustacés et de mollusques, tout en stabilisant les fonds marins et en produisant une grande quantité d’oxygène. Véritables « forêts sous-marines », ils jouent un rôle clé dans l’équilibre écologique de la mer.

Un équilibre menacé par la chaleur

Lorsque l’eau dépasse les 28 °C, la posidonie dépérit. Les vagues de chaleur marines, de plus en plus fréquentes, provoquent la nécrose de ses feuilles et réduisent sa capacité de régénération. Dans certaines zones de Corse, de Catalogne ou de Tunisie, des plongeurs observent déjà des herbiers blanchis ou remplacés par des algues tropicales, signe d’une « tropicalisation » rapide de la Méditerranée.

Selon plusieurs études, près de 30 % des herbiers auraient déjà disparu, victimes combinées du réchauffement, de la pollution et de la pression humaine liée à la navigation de plaisance.

La disparition de la posidonie a des conséquences en cascade : les plages s’érodent plus vite, la faune marine se raréfie, et la capacité de stockage du carbone diminue. « Ces prairies sont de véritables puits de carbone. Les perdre revient à relâcher des décennies de stockage », explique une chercheuse du CNRS à Villefranche-sur-Mer.

Face à cette urgence, scientifiques et ONG plaident pour une meilleure gestion des côtes méditerranéennes : limitation de l’ancrage des bateaux sur les herbiers, protection des zones marines sensibles, réduction des rejets en mer. Des projets pilotes de restauration sont en cours, mais leur efficacité dépendra directement de l’évolution du climat dans les années à venir.

Préserver la posidonie, c’est préserver la Méditerranée elle-même. Ce poumon vert invisible, discret mais essentiel, retient le sable, purifie l’eau et nourrit la mer. Sa survie est devenue le symbole d’une lutte plus vaste : celle pour l’équilibre d’un écosystème méditerranéen déjà à bout de souffle.

 

🪸 5 choses à savoir sur la posidonie

1. Ce n’est pas une algue !
La posidonie (Posidonia oceanica) est une plante à fleurs marine, avec des racines, des tiges et des feuilles. Elle pousse uniquement en Méditerranée, entre 0 et 40 m de profondeur.

2. Une « forêt sous-marine »
Ses herbiers forment de véritables prairies vertes sous la mer, refuges pour des milliers d’espèces : poissons, crustacés, coquillages… Un mètre carré de posidonie peut abriter jusqu’à 400 espèces différentes.

3. Un bouclier naturel pour les côtes
Ses racines fixent le sable et limitent l’érosion. Sans elle, les plages disparaissent plus vite sous l’effet des tempêtes et de la montée des eaux.

4. Un trésor climatique
Les herbiers de posidonie absorbent jusqu’à 15 fois plus de CO₂ qu’une forêt terrestre à surface égale. Leur destruction relâche dans l’atmosphère des quantités importantes de carbone stocké depuis des siècles.

5. Une espèce protégée mais en danger
Pollution, ancrages de bateaux, aménagements côtiers et réchauffement rapide de la mer menacent sa survie. Près de 30 % des herbiers auraient déjà disparu.

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