Le documentaire « Tinghir-Jérusalem : les échos du Mellah » réalisé par le Franco-Marocain Kamal Hachkar revient sur ces vagues d'exil (DR)

Maroc: un documentaire sur l'exil des juifs marocains déclenche les foudres des islamistes

Un documentaire sur l'exil des juifs marocains vers Israël fait scandale dans les milieux islamistes. Le Parti de la justice et du développement (PJD) au pouvoir est monté au créneau, accusant le réalisateur de "sionisme" et de vouloir "normaliser les relations" entre le royaume et Israël.

Les juifs Marocains dont la présence dans le royaume remonte à plus de 2000 ans ont été nombreux à s'exiler ver Israël sous la pression de l'Etat Hébreu après sa création et plus encore après la guerre des Six Jours, en 1967.

En 1945, le Maroc comptait près de 250 000 juifs. Ils sont aujourd’hui 3 000, soit la plus importante communauté du monde arabe.

Le documentaire « Tinghir-Jérusalem : les échos du Mellah » réalisé par le Franco-Marocain Kamal Hachkar revient sur ces vagues d'exil, vécues comme un déchirement par juifs et arabes. Il a été diffusé sur la chaîne de télévision 2M, il y a trois, mais la polémique n'en finit plus de s'emballer.

Professeur d’histoire en région parisienne, Kamal Hachkar est revenu à Tinghir, le village berbère de son enfance, dans l’Atlas, qui a vécu – et vit encore – l’« exil » de sa communauté juive dans la déchirure et l’incompréhension, décrit le journal La Croix.

Le cinéaste part ensuite à la rencontre de ces déracinés, nostalgiques, à Jérusalem.

Des faits historiques ignorés de la jeunesse...

La diffusion a déclenché les foudres des islamistes. Le ministre de la communication a demandé des explications aux responsables de la chaîne.

Kamal Hachkar a été la cible du site arabophone Hespress, le traitant «traître» .

« C’est de l’antisémitisme inavoué. Il n’y a rien dans ce film qui fait l’apologie de l’État d’Israël. Il relate des faits historiques qu’une grande partie de la jeunesse marocaine ignore et qu’elle est en droit de se réapproprier » , rétorque Kamal Hachkar, cité par La Croix.

« Je suis un marocain, fils du peuple, aux racines plurielles, judéo-berbères, musulmanes… Avec le printemps arabe, on voit l’émergence d’un islamisme politique obscurantiste. Cet islam, intolérant, ce n’est pas le mien, ce n’est pas non plus celui de nos grands parents, des habitants de Tinghir. Aujourd’hui, c’est un combat idéologique qui est en train de se mener», poursuit-il

Pour Linda Ittah, juive marocaine, commerçante à Casablanca, « le PJD cherche à exister face à la monarchie, qui a voulu en juillet dernier une nouvelle Constitution qui mentionne les racines hébraïques et amazigh (berbères) du Maroc. On ne peut pas occulter l’histoire ! »

La présence des juifs au Maroc remonte à plus de 2 000 ans, comme en témoignent les tombeaux des 650 saints à travers le pays.

Durant la Seconde Guerre mondiale, Mohammed V, grand-père du monarque actuel, a refusé de livrer les juifs marocains et a accueilli ceux qui fuyaient le nazisme en Europe.