Chasse aux étrangers en France : l’opération politicienne de Bruno Retailleau pour séduire l’extrême droite

Chasse aux étrangers en France : l’opération politicienne de Bruno Retailleau pour séduire l’extrême droite

La récente campagne de contrôles massifs des étrangers en situation irrégulière, orchestrée par Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, marque un tournant inédit dans la politique française. Mobilisant 4 000 policiers, gendarmes et douaniers dans les gares et les transports en commun, cette opération spectaculaire s’apparente moins à une mesure de sécurité qu’à une vaste manœuvre de communication.

Ce déploiement théâtral s’inspire ouvertement des méthodes mises en œuvre par Donald Trump aux États-Unis, comme l’a dénoncé la Cimade. Fanélie Carrey-Conte, sa secrétaire générale, évoque une « inspiration trumpiste », soulignant un mimétisme dangereux : désignation d’ennemis intérieurs, traques humiliantes. «Le message est clair : les personnes étrangères, en particulier celles en situation irrégulière, sont considérées comme des ennemies », dénonce-t-elle.

Pourtant, la législation française garantit des droits fondamentaux à toute personne, quelle que soit sa situation administrative. Or, ces contrôles ciblés, souvent basés sur des critères ethniques ou sociaux, rappellent les pratiques discriminatoires des heures les plus sombres de l’histoire européenne. Les associations dénoncent une «opération place nette ». Elles comparent ces mesures à des rafles et alertent sur les dérives raciales.

Un ministre en campagne permanente

Récemment intronisé à la tête des Républicains (LR), Retailleau utilise en réalité son poste ministériel comme une tribune électorale. Sous couvert d’un discours d’autorité, c’est avant tout une stratégie médiatique qui est à l’œuvre. Le ministre multiplie les apparitions sur des plateaux très proches de l’extrême droite, comme CNews, pour s’ériger en « présidentiable » et tenter de grignoter l’électorat de Marine Le Pen en reprenant à son compte les codes et les obsessions de l’extrême droite.

Cette stratégie n’est pas sans danger pour la cohésion sociale. La désignation des étrangers comme boucs émissaires attise les divisions et légitime les discours xénophobes. Elle s’inscrit dans la continuité de Gérald Darmanin, dont la loi asile-immigration avait déjà durci les conditions d’accueil et accru les expulsions.

La société civile contre-attaque

Face à cette dérive autoritaire, associations et syndicats réagissent vivement. Le Syndicat de la magistrature, le Gisti et la CGT ont saisi le Conseil d’État pour faire suspendre ces opérations, dénonçant leur arbitraire. Leur recours met en lumière l’écart entre les déclarations martiales du ministre et les principes républicains.

Parallèlement, des collectivités et citoyens rappellent qu’une autre France existe : celle de la solidarité. « Il n’y a pas d’étrangers sur cette terre », martèle la Cimade. La communication de Retailleau attise les tensions et sape les fondements démocratiques.