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L’Algérie plaide à l’ONU pour une refonte du dispositif mondial de lutte contre le terrorisme

À New York, l’Algérie a appelé à une réforme en profondeur du système international de lutte contre le terrorisme, jugeant les mécanismes actuels « inadaptés aux menaces modernes ». Un discours fort, porté par son représentant permanent à l’ONU, Amar Bendjama, qui place Alger au centre des débats sécuritaires mondiaux.

« Le terrorisme évolue, mais les outils pour le combattre restent figés », a déclaré Amar Bendjama, représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, ce samedi 20 décembre, à la tribune du Conseil de sécurité à New York. Dans une intervention remarquée, il a appelé la communauté internationale à repenser la gouvernance mondiale de la sécurité, en particulier face à la montée des menaces hybrides et à la prolifération des réseaux transnationaux opérant dans les zones les plus fragiles du globe.

Ce plaidoyer algérien s’inscrit dans une séquence diplomatique dense. Depuis plusieurs mois, Alger multiplie les initiatives pour faire entendre sa voix sur la scène internationale, notamment dans la région sahélo-saharienne où les groupes armés exploitent les failles économiques et institutionnelles. Selon Amar Bendjama, « la lutte contre le terrorisme ne peut être efficace sans une approche équitable et inclusive, qui tienne compte des réalités du terrain ». En clair, l’Algérie reproche au dispositif onusien de concentrer les efforts sur la surveillance et la sanction, au détriment de la prévention et du développement.

Un appel à replacer l’Afrique au cœur des priorités mondiales

Au Conseil de sécurité, le diplomate algérien a insisté sur la sous-représentation des pays africains dans les organes décisionnels de l’ONU chargés des questions sécuritaires. « Comment prétendre lutter contre le terrorisme quand les États les plus exposés ne participent pas pleinement aux décisions qui les concernent ? », a-t-il interrogé, soulignant la nécessité de redistribuer les ressources et les responsabilités pour renforcer les capacités des pays du Sud.

L’Algérie, qui préside actuellement le Comité des dix chefs d’État africains pour la réforme du Conseil de sécurité, tente d’imposer un nouveau paradigme : une lutte contre le terrorisme centrée sur la coopération régionale et la solidarité continentale. Un axe déjà visible dans son rôle de médiateur dans la crise malienne et dans ses efforts pour stabiliser le Niger et la Libye. Ces positions rejoignent les analyses de plusieurs observateurs qui voient dans cette diplomatie proactive une manière pour Alger de consolider sa stature internationale après plusieurs années de relative discrétion. Comme l’expliquait récemment Mediaterranée dans un article sur la nouvelle diplomatie maghrébine, l’Algérie entend jouer un rôle de « pivot régional » entre l’Afrique, l’Europe et le monde arabe.

Mais au-delà de la posture politique, le message est clair : l’actuel système multilatéral montre ses limites. La montée des inégalités, les crises migratoires et l’instrumentalisation du terrorisme à des fins géopolitiques ont créé un contexte où les solutions globales paraissent de plus en plus déconnectées du terrain. Pour Amar Bendjama, seule une refonte profonde des priorités de l’ONU pourrait redonner de la crédibilité à la lutte antiterroriste. « Le multilatéralisme doit cesser d’être une affaire de procédures pour redevenir un instrument de justice et de stabilité », a-t-il affirmé.

En Algérie, cet engagement international est également lu comme une stratégie d’influence douce, visant à repositionner le pays comme acteur de paix dans une région bouleversée par les transitions politiques et les tensions énergétiques. L’État algérien s’appuie sur son expérience historique dans la médiation régionale, notamment lors des conflits au Mali ou au Niger, pour plaider une approche basée sur la souveraineté et la non-ingérence, deux principes fondateurs de sa politique étrangère.

Ce discours s’inscrit aussi dans un contexte global où la sécurité, la transition énergétique et la stabilité économique sont de plus en plus liées. Comme le note Mediaterranée dans son analyse sur les nouvelles routes du gaz méditerranéen, la région devient un point névralgique où diplomatie et sécurité s’entrecroisent.

En réaffirmant son rôle à l’ONU, l’Algérie envoie donc un double signal : à la communauté internationale, qu’elle souhaite contribuer à refonder le multilatéralisme, et à ses partenaires régionaux, qu’elle reste un acteur central du dialogue africain. À l’heure où le Sahel s’enfonce dans l’incertitude et où les alliances régionales se redessinent, Alger semble déterminée à faire entendre sa voix, non pas comme une puissance isolée, mais comme porte-parole d’un continent en quête d’équité.

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