L’Accord d’association UE-Israël : les Européens tergiversent, la lâcheté dans toute sa laideur

Dénonciation de l'accord d’association UE-Israël : les Européens tergiversent, la lâcheté dans toute sa laideur

Les 27 ministres des Affaires Etrangères de l'UE réunis à Bruxelles ont commencé à évaluer les possibilités de révision de l'accord d'association avec Israël, afin de déterminer si le pays respecte ses obligations en matière de droits de l'homme en raison de l'action de son armée à Gaza et en Cisjordanie. Aucune décision n'est toutefois attendue dans l'immédiat.

Alors que les bombes pleuvent sur Gaza, que les hôpitaux sont rasés, que les enfants meurent par milliers dans l’indifférence diplomatique, l’accord d’association avec Israël peut-il encore être maintenu au nom du commerce au moment où il est clairement établi qu’un génocide est en cours ? 

À cette question, un seul pays a répondu avec clarté et dignité : l’Espagne. Madrid appelle sans détour à activer la clause de suspension de cet accord, en vertu des violations manifestes des droits humains à Gaza et en Cisjordanie. Une position courageuse, à contre-courant d’une Europe en grande majorité paralysée, pusillanime, complice par son silence. 

On débat, on ajourne, on s’enlise

« Ce ne sont pas les dénonciations qui arrêteront cette guerre inhumaine à Gaza, ce sont les actes. Et je vais clairement en mettre trois sur la table : la suspension immédiate de l'accord d'association, un embargo sur les ventes d'armes de l'Union européenne à Israël et des sanctions individuelles à l'encontre de tous ceux qui veulent saper définitivement la solution à deux États », a déclaré le ministre Espagnol des AE, José Manuel Albares, à la presse à son arrivée au Conseil des ministres des affaires étrangères de l'UE.

Le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) a lui-même reconnu dans un rapport publié en juin qu’il existait des « indices » sérieux selon lesquels Israël violait ses obligations en matière de droits humains dans le cadre de l’accord d’association. Cela suffirait, selon les textes, à suspendre l’accord. Mais Bruxelles temporise. On débat, on ajourne, on s’enlise. À croire que le droit ne s’applique qu’aux faibles.

Et pourtant, les faits sont là. Gaza est devenu le théâtre d’une guerre totale menée contre une population civile, avec des destructions systématiques, des famines organisées, des déplacements forcés. La Cour internationale de Justice a reconnu qu’il existait un risque quasi certain de génocide. Mais au Conseil européen, les capitales regardent ailleurs. Dans les médias dominants, silence radio. Ni la marche internationale qui a convergé vers Bruxelles, ni la mobilisation à la frontière de Gaza – violemment réprimée avec la complicité de l’armée égyptienne – n’ont trouvé d’écho. Le blackout est total.

Cette posture de l’Europe, entre lâcheté diplomatique et cynisme commercial, ne fait qu’aggraver la crise. Elle offre à Israël une impunité diplomatique renforcée. Pire encore, elle encourage l’irresponsabilité géopolitique de Donald Trump, dont le soutien aveugle à Tel-Aviv met la région et au-delà en péril. 

De Marseille à Barcelone, de Bruxelles à Rafah, les manifestations se multiplient

L’attaque israélienne contre l’Iran, restée sans condamnation européenne, confirme la marginalisation croissante de l’UE sur la scène mondiale. Face à un risque de guerre généralisée au Moyen-Orient, l’Europe s’efface.

Ce silence n’est pas seulement une faute politique. C’est une faute morale. Car en refusant de nommer l’innommable – en refusant de rompre avec un État qui nie le droit international –, l’Europe tente de se racheter un passé qu’elle n’a jamais digéré : celui de sa responsabilité dans la Shoah. Comme si, par peur d’être accusée d’antisémitisme, elle acceptait que d’autres peuples soient broyés dans une logique coloniale et vengeresse. Cette attitude, l’histoire la jugera avec sévérité.

Mais les peuples, eux, ne sont pas dupes. Ils réclament justice. De Marseille à Barcelone, de Bruxelles à Rafah, les manifestations se multiplient. Les citoyens européens exigent que l’Union rompe enfin avec l’hypocrisie. Que l’accord d’association avec Israël soit suspendu, pour dire clairement : on ne peut pas commercer avec un État qui bombarde des écoles, affame une population, détruit des hôpitaux.

Accord d’association UE–Israël (2000)

  • Prévoit un dialogue politique, une coopération économique, des échanges scientifiques et culturels.

  •  Article 2 : subordonne l’accord au « respect des droits humains et des principes démocratiques ».

  •  Israël est le seul pays du Moyen-Orient à bénéficier d’un tel statut avec l’UE.

Violations constatées (2023–2025)

  • Plus de 55 000 morts palestiniens à Gaza depuis octobre 2023, selon le ministère de la Santé de Gaza.

  • 72 % des victimes sont des femmes et des enfants (source : OCHA/ONU).

  • Plus de 1,2 million de déplacés internes.

  • 80 % des infrastructures médicales détruites ou inopérantes (OMS).

  • Amnesty International, Human Rights Watch, Médecins du Monde et d’autres ONG parlent de crimes de guerre.

  • La Cour internationale de Justice a reconnu un risque plausible de génocide.

🔹 Réactions européennes

  • 17 pays de l’UE se sont dits favorables à une révision de l’accord (mai 2025).

  • Seule l’Espagne a demandé explicitement la suspension de l’accord, dès février 2024.

  • Aucune décision n’a été prise à ce jour par la Commission ou le Conseil européen.

🔹 Économie

  • Échanges commerciaux UE–Israël : 46 milliards d’euros en 2023.

  • Principaux secteurs : armement, technologie, agriculture, cybersécurité.