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À Nice, la Méditerranée en héritage : comment les influences turques et libanaises réinventent la table niçoise

De la vieille ville aux hauteurs de Cimiez, la cuisine niçoise s’ouvre depuis une décennie à des saveurs venues d’ailleurs. Entre mezzés libanais et grillades d’inspiration turque, un vent d’Orient souffle désormais sur la gastronomie locale, sans rien effacer de ses racines méditerranéennes.

Loin des clichés figés, la cuisine niçoise n’a jamais été un bloc immuable. Marquée par des siècles d’échanges avec l’Italie, la Provence et les îles de Méditerranée, elle continue de se transformer au gré des migrations et des nouvelles influences. Depuis quelques années, une double empreinte s’impose discrètement mais sûrement : celle de la Turquie et du Liban, portée par de nouveaux habitants, des restaurateurs audacieux et une clientèle curieuse.

Dans le Vieux-Nice, les échoppes de socca côtoient désormais des enseignes où brillent les vitrines de baklavas au pistache, de simits dorés ou de maamouls parfumés. Les étals d’épiceries fines présentent épices turques, mélasse de grenade, za’atar ou tahiné noir, devenus des ingrédients familiers pour nombre de chefs locaux.
Les Niçois, habitués aux saveurs franches de la ratatouille ou de la pissaladière, adoptent sans difficulté ces parfums qui prolongent la grande histoire méditerranéenne : acidité maîtrisée, herbes fraîches, grillades au charbon et goût du partage.

Quand la Côte d’Azur dialogue avec l’Orient

Cette influence se manifeste aussi dans les cuisines professionnelles. Plusieurs jeunes chefs niçois — qu’ils soient d’origine levantine ou simplement passionnés — revisitent les classiques de la région : une daube parfumée à la cannelle et au laurier, un houmous aux olives de Nice, un kebab de pageot grillé, ou encore une salade fattoush mêlant mesclun local et pain pita croustillant. Autant de créations qui ne renient rien du patrimoine culinaire mais lui ouvrent de nouveaux horizons.

Sur le port, quelques adresses hybrides attirent une clientèle que l’on ne voyait pas il y a dix ans : familles libanaises nostalgiques d’un repas dominical, jeunes Niçois séduits par une street-food plus légère que les pan bagnats traditionnels, voyageurs en quête d’une cuisine cosmopolite. Les restaurateurs racontent tous la même histoire : l’envie d’ancrer dans la ville une culture culinaire où la générosité du mezzé rencontre la fraîcheur des produits locaux.

Au-delà de la mode, ce mouvement dit quelque chose de Nice : une ville-frontière, tournée vers la mer, multiple dans son identité. L’influence orientale y trouve naturellement sa place, non comme une importation marginale, mais comme un prolongement de ce que la cuisine niçoise a toujours été : un carrefour.

Aujourd’hui, qu’il s’agisse de déguster un taboulé finement relevé sur une terrasse de la rue Bonaparte ou un dürüm de poisson pêché le matin même, Nice compose une nouvelle partition gastronomique. Une rencontre heureuse entre Orient et Riviera, où chaque plat raconte la circulation des hommes, des idées et des goûts autour de la Méditerranée — cette mer qui relie plus qu’elle ne sépare.

 

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