JOTT en redressement judiciaire : la célèbre marque marseillaise de doudounes vacille
La marque marseillaise JOTT (Just Over the Top), devenue emblématique du prêt-à-porter hivernal grâce à ses doudounes légères et compactables, a été placée en redressement judiciaire par le tribunal des affaires économiques de Marseille le 18 décembre 2024. Cette décision met en péril 183 emplois et soulève des questions sur l'avenir du secteur textile français face à une concurrence internationale de plus en plus féroce.
Fondée en 2010 par deux cousins marseillais de 20 ans, Nicolas et Mathieu Gourdikian, JOTT avait su conquérir le marché de la doudoune légère avec un concept innovant : des vestes ultra-légères, garnies de duvet, qui se plient dans un petit pochon pour être transportées partout. En 2014, la marque vendait déjà 250 000 doudounes par an et ouvrait sa première boutique au centre commercial des Terrasses du Port à Marseille, haut lieu du commerce phocéen.
Du succès fulgurant aux difficultés financières
L'ascension de JOTT semblait irrésistible. En 2021, le fonds d'investissement L Catterton, lié au groupe LVMH, rachète la marque avec l'ambition de la transformer d'une activité de grossiste en un véritable réseau de boutiques. Cette stratégie devait propulser la marque marseillaise sur la scène internationale, dans les pas des géants du prêt-à-porter.
Mais le marché du retail s'est avéré « globalement difficile », selon les observateurs du secteur. Malgré un chiffre d'affaires de 24 millions d'euros en 2024, l'économie marseillaise enregistre un nouveau coup dur avec cette procédure. L'entreprise se retrouve en cessation de paiements, son passif exigible dépassant désormais son actif disponible.
Les causes de cette chute sont multiples. La concurrence acharnée des géants comme Uniqlo, qui proposent des doudounes légères à des prix très compétitifs, a érodé les parts de marché de JOTT. Les charges fixes inhérentes au développement d'un réseau de boutiques propres ont également pesé lourdement sur les finances de l'entreprise. Enfin, le contexte économique national, marqué par l'incertitude politique et les débats budgétaires, n'a pas favorisé la consommation de vêtements haut de gamme.
Un avenir incertain pour les 183 salariés
Le tribunal a fixé une période d'observation provisoire de six mois. La prochaine audience, programmée le 5 février 2026, déterminera si l'entreprise peut poursuivre son activité ou si elle sera convertie en liquidation judiciaire. Durant cette période, les équipes de JOTT devront démontrer leur capacité à assurer le financement de l'activité et à présenter un plan de redressement viable.
Cette situation illustre les difficultés structurelles du secteur textile français, coincé entre la montée en gamme des enseignes internationales et la pression sur les prix exercée par les géants de la fast-fashion. Les 183 salariés de JOTT attendent désormais de savoir si leur entreprise pourra se réinventer ou si elle rejoindra la liste des marques françaises qui n'ont pas survécu à la mutation du commerce de détail.
Pour l'économie marseillaise, déjà fragilisée par les difficultés de plusieurs secteurs traditionnels, cette annonce représente un symbole douloureux. JOTT incarnait la réussite entrepreneuriale locale, la capacité de deux jeunes Marseillais à créer une marque reconnue nationalement et internationalement. Son avenir reste suspendu aux décisions judiciaires des prochains mois.