Algérie : Gaid Salah a déjà perdu… faisons un rêve !

Plus que quelques vendredis avant le 12 décembre, jour d’un scrutin présidentiel massivement rejeté par les Algériens… Alors, faisons un rêve !

Le Hirak, ce formidable mouvement de contestation pacifique du régime qui rassemble des millions d’Algériens à travers tout le territoire depuis le 22 février dernier, a traversé le printemps et l’été, il prend des forces cet automne, peut-être va-t-il triomphé à la veille de l’hiver …

Rêvons d’un vendredi historique, celui de la grande victoire. L’élection a été annulée la vielle au soir. Le chef du gouvernement, Ahmed Bedoui, a remit sa démission au chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah. L’heure est enfin venue de redonner la voix au peuple en application des articles 7 et 8 de la Constitution. Il est, à ce titre, la source de tout pouvoir, et il exerce sa souveraineté par l’intermédiaire des institutions qu’il se donne.

Pari gagné ! le chef de l’Etat va céder le pouvoir à un organe restreint de transition, et qui plus est paritaire. Des femmes et des hommes nouveaux. Il leur reviendra de s’entendre sur un gouvernement et de préparer l’élection d’une Assemblée Constituante.

En attendant, ce vendredi-là, ils déferlent sur le cœur de la capitale comme un ouragan, ceux de Bab el Oued et de la Casbah, ceux d’Hussein Dey et d’El Harrach, ceux d’El Biar et des hauteurs d’Alger plus blanche que jamais, tous pressés de rendre hommage aux prisonniers d’opinion, plus d’une centaine, libérés le même jour.

Rêvons donc de ce vendredi triomphal, gardons l’espoir que le pouvoir ne cèdera pas d'ici là à la tentation de la répression. Elle sera forcément des plus sauvages, particulièrement sanglante vu l’ampleur des rassemblements, vu la grande détermination des Algériens à ne pas se laisser abuser par un nouveau clan de potentats alliés à des oligarques planqués qui attendent de piller le pays à leur tour.

Les Algériens retiendront la trahison…

Gardons l’espoir que le pouvoir ne tentera pas un coup de force contre le peuple en bidouillant les élections pour imposer un résidu du système d’Abdelaziz Boutefkika, de triste mémoire, à la tête de l’Etat, un homme lige, protecteur des intérêts de ses maîtres, garant de leur liberté de sortie hors du pays pour échapper à la Justice…

Dans ces cas de figure, les Algériens retiendront la lourde responsabilité du général Gaïd Salah et de ses proches soutiens dans l’armée. Ils retiendront aussi la trahison de celui qui avait promis la protection de l’armée pour ouvrir la voie de la Démocratie. Place aux articles 7 et 8 ! proclamait-il aux premières heures de la Révolution.

Enfant chéri de la République, le chef d’Etat-major a pour l’instant gagné sur toute la ligne. Il a démantelé et neutralisé le clan Bouteflika, dont il était pourtant si proche. Il a orchestré une répression sournoise sur tous les fronts, les médias publics sont muselés, les arrestations se multiplient, la campagne d’intimidation et de menaces bat son plein dans l’Administration et les réseaux institutionnels. Et il est même parvenu à imposer un simulacre de campagne électorale.

Gaïd Salah a certes gagné jusque-là, mais comment peut-t-il encore aller plus loin ? De quel pouvoir extraordinaire peut-il se prévaloir pour mépriser à ce point l’expression massive d’un rejet, la volonté tant partagée de rompre avec un système honni ?

Présidentielles ou pas, le dernier mot reviendra sans nul doute au peuple Algérien. Malgré son arrogance et ses menaces à peine voilées, malgré la puissance de ses soutiens, Gaïd Salah ne fait pas le poids face à la rue. Il a déjà perdu. Faisons un rêve !