Algérie : Le Hirak a déjà triomphé. Le pouvoir a peur, il se déchaine dans la répression

Des coups de matraques, des insultes et des agressions physiques… la police algérienne se déchaine contre les Hirakistes dans le centre d’Alger, la violence est employée contre des hommes et des femmes, de tout âges, pacifiques, dont la seule volonté est de se faire entendre dans le respect absolu des personnes et des biens.

Plus d’une trentaine de personnes ont été interpellées samedi 7 mars et les policiers ont violemment chargé.

« J’ai vu des femmes et des vieux traînés par terre. Un vieil homme, cardiopathe résidant à Birkhadem, a été violemment bousculé par des policiers. Il s’est évanoui et je crains pour ses jours», affirme un témoin cité par le journal El Watan.

La police s’est livrée à la violence dans plusieurs autres villes du pays. Les forces de l’ordre ont particulièrement ciblé les journalistes présents parmi les manifestants.

Le vice-président de la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme (LAAD) Saïd Salhi évoque « un signal d’exaspération, un cri d’alarme qui doit interpeller le pouvoir politique, seul responsable de la situation », selon lui, « l’ouverture de la solution politique démocratique à la hauteur des attentes du hirak est plus qu’une urgence».

Le sociologue Nacer Djabi estime, dans un post sur sa page Facebook, que «la solution est d’écouter rapidement les revendications et de les accepter avant qu’il ne soit trop tard et que tout le monde soit perdant».

Reste que le pouvoir semble déterminé à se maintenir hors de cette ligne raisonnable de l’écoute et du dialogue. Le ministère de l’Intérieur ne communique pas sur ce regain de violence. Tout se passe comme s’il s’agissait là d’une mise en garde, d’un signal qui se veut dissuasif à l’adresse des millions d’algériens dont l’expression pacifique force l’admiration à travers le monde.

Le chemin se sortie de crise est pourtant tout indiqué, les aspirations des Algériens sont des plus légitimes : cesser d’instrumentaliser la Justice en espérant soumettre les citoyens, semer la peur et les contraindre au silence; libérer la presse et mettre fin à la caporalisation des médias publics, ne pas entraver les activités des formations politiques d’opposition, libérer tous les détenus d’opinion…

Plutôt que d’aller dans ce sens, le pouvoir en place opte à l’évidence pour l’affrontement, il creuse la rupture avec la grande majorité des Algériens. Le président Tebboune donne le sentiment d’être au service d’un clan qui s’est substitué au clan Bouteflika, dont les principaux acteurs sont aujourd’hui sous les verrous après avoir saigné le pays.

Les nouveaux dirigeants du pays adoptent visiblement les mêmes pratiques que leurs prédécesseurs, ils s’installent tranquillement à la tête d’un régime totalitaire. Entre l’armée, la présidence et les services de renseignements, les jeux sont faits pour un nouvel équilibre qui sacrifie les droits fondamentaux des Algériens.

Reste qu’une Algérie nouvelle est bel et bien en train de naître, elle voit le jour sans ces dirigeants d’un autre temps. La société a pris une large avance, elle a inventé de nouveaux codes, elle s’épanouit dans la solidarité et dans la richesse des liens sociaux, les générations de donnent la main dans un élan national de fraternité. Quel incroyable décalage entre le digne comportement des Hirakistes et l’arrogance méprisante d’un wali en tournée !

Les coups de matraques, les insultes, les agressions, les incarcérations arbitraires n’y pourront rien. La libération démocratique est en marche, l’action pacifique demeure son arme suprême. Le Hirak a déjà triomphé. Le pouvoir a peur.