France: le gouvernement veut interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans et les téléphones au lycée dès 2026
Le gouvernement français s'apprête à durcir considérablement l'encadrement du numérique chez les jeunes. Deux mesures phares sont annoncées pour la rentrée 2026 : l'interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans et la prohibition des téléphones portables dans les établissements du secondaire, y compris les lycées. Une offensive sans précédent contre ce que l'exécutif qualifie de "fléau générationnel".
Après les collèges, ce sont désormais les lycées qui pourraient voir disparaître les smartphones de leurs enceintes. Le gouvernement a confirmé son intention d'étendre l'interdiction des téléphones portables aux établissements du second cycle, une mesure qui entrerait en vigueur dès septembre 2026. Actuellement, seuls les écoles primaires et les collèges sont concernés par cette restriction, instaurée par la loi de 2018.
Cette annonce s'inscrit dans une stratégie plus large de protection de la jeunesse face aux dangers du numérique. Le président Emmanuel Macron avait déjà évoqué cette piste lors de ses vœux aux Français, pointant les effets délétères des écrans sur la santé mentale des adolescents. Les études scientifiques s'accumulent en effet pour démontrer le lien entre usage intensif des réseaux sociaux et troubles anxio-dépressifs chez les jeunes.
Concrètement, les lycéens devront déposer leurs appareils à l'entrée de l'établissement ou les conserver éteints dans leurs sacs, sous peine de confiscation. Une mesure qui ne manquera pas de susciter des résistances, tant le smartphone est devenu un prolongement naturel de la vie adolescente. Les syndicats enseignants, s'ils approuvent globalement l'objectif, s'interrogent sur les moyens humains et matériels nécessaires pour faire respecter cette interdiction.
Un défi technique et éducatif
Plus ambitieuse encore, la seconde mesure vise à proscrire purement et simplement l'accès aux réseaux sociaux pour les moins de 15 ans. Exit TikTok, Instagram, Snapchat ou X pour les collégiens : le gouvernement entend imposer aux plateformes un système de vérification d'âge contraignant et efficace. Les géants du numérique auront l'obligation de mettre en place des dispositifs techniques empêchant les mineurs de créer des comptes.
Cette disposition fait écho aux recommandations du rapport parlementaire sur l'exposition des jeunes aux écrans, qui préconisait un "choc de sobriété numérique". La France emboîterait ainsi le pas à l'Australie, qui a récemment voté une loi similaire interdisant les réseaux sociaux aux moins de 16 ans, malgré les critiques sur sa faisabilité technique.
Les plateformes concernées devront se conformer à ces nouvelles exigences sous peine de lourdes sanctions financières. Le gouvernement évoque des amendes pouvant atteindre plusieurs millions d'euros en cas de manquement. Reste la question épineuse de la vérification d'âge : les solutions actuelles, basées sur l'analyse faciale ou la fourniture de documents d'identité, soulèvent d'importantes questions en matière de protection des données personnelles.
Les associations de parents d'élèves accueillent ces annonces avec un mélange d'espoir et de scepticisme. Si beaucoup se réjouissent de voir l'État s'emparer enfin de cette problématique, d'autres pointent les limites d'une approche purement prohibitive. "Interdire ne suffit pas, il faut éduquer", rappelle la FCPE, qui plaide pour un renforcement de l'éducation aux médias dans les programmes scolaires.
Les experts en numérique soulignent également les difficultés pratiques de mise en œuvre. Les adolescents, habitués à contourner les restrictions parentales, pourraient aisément utiliser des VPN ou créer des comptes avec de fausses dates de naissance. Sans compter que l'interdiction risque de pousser les usages vers des plateformes moins régulées, échappant totalement au contrôle des autorités.
Du côté des lycéens, la pilule s'annonce difficile à avaler. Pour cette génération née avec un smartphone dans les mains, l'idée de passer une journée entière sans accès à leur téléphone relève presque de l'impensable. Les représentants lycéens ont d'ores et déjà annoncé leur opposition à ce qu'ils qualifient de "mesure infantilisante", arguant que les 16-18 ans sont suffisamment matures pour gérer leur usage du numérique.
Le gouvernement dispose de dix-huit mois pour préciser les modalités d'application de ces mesures et convaincre les différents acteurs de leur bien-fondé. Un délai qui sera également mis à profit pour accompagner les établissements dans cette transition, notamment par la mise à disposition de casiers sécurisés et la formation des personnels. Le débat promet d'être vif dans les mois à venir, entre impératifs de santé publique et liberté individuelle des jeunes citoyens.