Tunisie : visite d’une association de défense de la liberté de la presse.
Le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) s'est récemment rendu en Tunisie. Cette association de défense des libertés de la presse envisage de publier un rapport détaillé sur ses conclusions.
Dans une déclaration à Magharebia, Joel Campana, coordinateur du programme au sein du CPJ, a déclaré que le but de cette visite était de mieux connaître les conditions réelles de la presse et des libertés en Tunisie.
"Nous étions inquiets sur les rumeurs d'atteintes à la liberté de la presse en Tunisie. Nous avions déjà publié des rapports détaillés sur un certain nombre de violations à l'encontre de certains journaux ou journalistes d'opposition qui avaient osé critiquer les performances du gouvernement", a-t-il expliqué.
M. Campana était accompagné par Cheryl Gould, du comité exécutif du CPJ à New York. Tous deux ont rencontré des membres de la presse tunisienne, ainsi que des responsables de différentes autres institutions.
Cette visite a permis au CPJ "de se faire une idée précise de l'état de la liberté de la presse ; ce qui a une nouvelle fois confirmé nos préoccupations", a déclaré M. Campana aux journalistes lors d'une conférence de presse organisée le 1er juillet.
"Nous espérions également rencontrer des responsables du gouvernement tunisien ou des rédacteurs de journaux nationaux... [mais] ils ont déclaré qu'ils ne disposaient pas de suffisamment de temps", a-t-il ajouté.
M. Campana a indiqué que certains journaux comme Al Mawkif souffrent de nombreuses restrictions, "y compris dans la distribution et la publicité. Dans certains cas, des individus sont utilisés dans ces tentatives, par le dépôt de plaintes contre tel ou tel journal, l'accusant de charges qui lui font perdre sa crédibilité."
En Tunisie, tous les partis d'opposition publient leurs propres journaux. Certains choisissent une ligne éditoriale plutôt favorable au gouvernement, d'autres une approche plus critique et provocatrice.
La délégation du CPJ a rencontré Neji Bghouri, secrétaire général du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT), au dernier jour de sa visite.
"Le SNJT est un nouveau-né dans lequel nous fondons nos espoirs, en particulier dans la mesure où les élections qui ont permis de choisir ses dirigeants ont été démocratiques et transparentes, ce qui laisse penser qu'il pourra défendre les droits des journalistes", a expliqué M. Campana à l'issue de cette rencontre.
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Et de poursuivre : "Je partage les préoccupation [de Bghouri] concernant les pressions exercées contre le SNJT, comme la tentative de mettre en place des syndicats parallèles ou de faire appel aux autorités d'assurance sociale pour réclamer au SNJT le remboursement d'anciennes dettes."
Le 19 juin, M. Bghouri avait fait part de ce qu'il considérait comme une tentative contre le SNJT par la création de syndicats parallèles dans certaines institutions des médias privées et publiques. Il avait accusé le gouvernement de conspirer contre son syndicat avec l'aide de l'Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT), ce que les deux parties avaient réfuté.
Le Ministère de la Communication avait répondu dans un communiqué publié le 20 juin, affirmant que le gouvernement observait une neutralité parfaite et le principe du dialogue avec toutes les parties, y compris le SNJT. "Les autorités de toutes les institutions publiques des médias, y compris la radio et la télévision tunisiennes, n'interviennent pas en matière de droits des journalistes à pratiquer leur travail syndical en vertu des lois de ce pays."
Selon M. Campana, le CPJ continuera de surveiller la situation en Tunisie et publiera un rapport sur les résultats de sa mission actuelle. Il a déclaré qu'il est inacceptable que les médias tunisiens restent en bas de l'échelle internationale, alors que le pays regorge de journalistes compétents et parfaitement formés.