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Au pied des pyramides, le Grand Musée Égyptien ouvre ses portes

L’Égypte a inauguré au Caire, au pied du plateau de Guizeh, le musée qu’elle promettait depuis plus de vingt ans comme la « vitrine définitive » de son âge pharaonique. Le Grand Egyptian Museum (GEM), massif triangle de pierre et de verre faisant face aux pyramides, est présenté par les autorités comme le plus grand musée au monde consacré à une seule civilisation. Il devient, de fait, le nouveau portail d’entrée vers les pyramides, que le pays veut relier plus étroitement encore au tourisme international.

Pensé dès les années 1990, lancé en 2005, le projet a traversé la révolution de 2011, des crises budgétaires et, plus récemment, les incertitudes régionales. Son coût est estimé à plus d’un milliard de dollars, largement porté par l’État égyptien et par des prêts japonais. Le résultat est un complexe culturel de près d’un demi-million de mètres carrés, avec de vastes galeries permanentes (24 000 m²), un centre de restauration de haut niveau, un musée pour enfants et surtout un dispositif scénographique qui ouvre, depuis le hall, une perspective directe sur les pyramides. L’idée est claire : replacer l’Égypte au centre du récit sur l’Égypte antique.

5 000 objets retrouvés dans la tombe de Toutankhamon

Dès l’entrée, les visiteurs sont accueillis par le colosse de Ramsès II, déplacé du centre du Caire vers le nouveau musée pour lui servir de pièce totem. Plus loin, un escalier monumental aligne des statues royales comme si l’on remontait, marche après marche, le temps pharaonique. Les salles les plus attendues sont toutefois celles qui rassemblent, pour la première fois au complet, les quelque 5 000 objets retrouvés dans la tombe de Toutankhamon : masque, chars, lits funéraires, bijoux. Jusqu’ici, ils étaient dispersés entre plusieurs réserves ou n’étaient jamais sortis. L’Égypte parie que cette concentration d’objets-icônes fera du Caire une étape aussi évidente que Louxor pour le tourisme culturel.

Politiquement, l’inauguration est mise en scène comme un succès de l’État et de sa capacité à livrer un chantier de long terme, dans un contexte économique tendu et alors que le pays vise 30 millions de touristes à l’horizon 2030. Les autorités espèrent que la proximité du nouvel aéroport du Sphinx et les liaisons directes vers le plateau réduiront la pression sur le vieux musée du centre-ville et encourageront des séjours plus longs, donc plus rémunérateurs en devises. Les critiques rappellent toutefois que le récit reste très centré sur les pharaons, au risque d’éclipser d’autres périodes et d’autres contributions de la société égyptienne.

Le « grand récit » des pyramides

Cette ouverture rebat aussi les cartes muséales au Caire. Le vénérable Musée égyptien de la place Tahrir ne disparaît pas, mais il sera progressivement repositionné sur les collections gréco-romaines et sur l’histoire du Caire moderne ; tandis que le GEM aspirera les visiteurs en quête du « grand récit » des pyramides, de Khéops à Toutankhamon. En plaçant le musée à deux kilomètres seulement des pyramides, le ministère des Antiquités veut créer un parcours continu : on commence par les objets, on finit par les monuments.

Enfin, cette inauguration intervient alors que l’Égypte cherche à montrer qu’elle demeure la gardienne légitime de ce patrimoine, face aux débats sur les restitutions et sur le marché des antiquités. En ouvrant un équipement ultra-sécurisé et capable d’exposer 50 000 pièces dans de bonnes conditions climatiques, le Caire envoie le message qu’il peut conserver, restaurer et présenter ses trésors sur place.

 Sources: The Guardian, AP News, Le Monde.fr, Al Jazeera, euronews

 

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