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Sommet UE-Égypte : les droits de l'homme, angle mort du partenariat ?

Ce dimanche 22 octobre, Bruxelles accueille le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi pour un sommet historique. Pour la première fois, l'Union européenne et l'Égypte organisent une rencontre de si haut niveau. L'objectif officiel est de renforcer un « partenariat stratégique » pour la stabilité et une prospérité partagée. Mais cette alliance de raison soulève une question gênante : l'Europe peut-elle sincèrement parler de prospérité avec un régime régulièrement accusé d'étouffer les libertés et d'emprisonner ses opposants ?

Ce sommet n'est pas un coup d'essai. Il s'inscrit dans la lignée d'un accord conclu en mars 2024, qui a fait de l'Égypte un partenaire privilégié de l'UE dans des domaines clés comme l'économie, la sécurité et la gestion des migrations. C'est justement sur ce dernier point que le pays de Sissi est devenu incontournable pour les Européens, qui voient en lui un rempart contre les flux migratoires.

En échange de cette coopération cruciale, Bruxelles semble faire preuve d'une grande prudence, voire d'un silence assourdissant, sur la situation des droits humains dans le pays. Une posture qui n'est pas passée inaperçue aux yeux des organisations de défense des libertés.

Les ONG dénoncent une "aide sans conscience"

À la veille du sommet, plusieurs organisations, dont Human Rights Watch, ont tiré la sonnette d'alarme. Elles accusent l'UE de sacrifier ses principes fondamentaux sur l'autel des intérêts stratégiques. Les arrestations arbitraires, les procès inéquitables et la répression de toute opposition sont documentés depuis des années. Malgré quelques gestes symboliques, comme la libération du militant Alaa Abdelfattah, la répression systémique se poursuit.

Ce qui scandalise le plus les défenseurs des droits, c'est le flux ininterrompu d'argent européen. En 2024, un milliard d'euros d'aide a été débloqué sans condition, suivi d'une promesse de 4 milliards en 2025. Pendant ce temps, la population égyptienne subit une crise économique sévère, avec une pauvreté en hausse et des services publics en déliquescence. Les ONG dénoncent une "aide sans conscience", qui alimente les caisses de l'État sans bénéficier aux citoyens.

Quel modèle pour l'avenir ?

Ce sommet est présenté comme le premier d'une série. Mais en fermant les yeux sur les dérives autoritaires du régime égyptien, l'Union européenne prend le risque de créer un précédent dangereux. Si elle accepte de coopérer sans exiger de contreparties en matière de démocratie et de libertés avec Le Caire, comment pourra-t-elle ensuite être crédible face à d'autres régimes similaires en Afrique du Nord ?

La question qui se pose est donc fondamentale : ce partenariat doit-il être un modèle de complaisance ou un levier pour encourager des réformes concrètes ? Pour l'instant, la balance penche nettement en faveur du pragmatisme, au détriment des valeurs que l'UE prétend défendre.

 

Photo: Agence Afrique

 

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