la rue s’empare à nouveau de la parole, la contestation bat son plein contre la hausse des prix... (DR)

Tunisie: la colère des laissés-pour-compte de la Révolution du jasmin

Est-ce une réplique de la Révolution du jasmin ? La Tunisie prend feu sur le front social. La jeunesse a pris la tête d'un mouvement qui fait tache d’huile à travers le pays. Sept années après la chute de Ben Ali et l’éclosion de tous les espoirs de démocratie et de progrès social, la rue s’empare à nouveau de la parole, la contestation bat son plein contre la hausse des prix.

Elle est menée par les militants de la campagne "Fech Nestannew" (Qu'est-ce qu'on attend, ndlr). Ces derniers réclament une révision de la loi de finances qui a augmenté la TVA et instauré plusieurs autres taxes, une meilleure couverture sociale pour les familles en difficulté, ainsi qu’un plan de lutte contre la corruption.

Plus de 200 personnes ont été arrêtées et des dizaines blessées dans la nuit de lundi à mardi 9 janvier. L’AFP rapporte de son côté qu'un supermarché de la banlieue sud de Tunis a été pillé, mardi soir, par des jeunes, mineurs pour la plupart.

Le soulèvement, qui reste pour l’instant contenu, marque l’échec des choix économiques de la coalition islamo-libérale aux commandes du pays. La Tunisie a certes avancé au plan démocratique, mais elle reste gravement enlisée dans le terrain social.

Le chômage atteint les 15%. Les inégalités se creusent, les populations des régions de l’intérieur du pays continuent à souffrir du sous-équipement, la pauvreté persiste et s’aggrave, tandis que la bourgeoisie d’affaires, y compris celle qui fut intimement liée au régime de Ben Ali, refait surface et réanime ses ramifications avec le cœur du pouvoir. Les islamistes, quant à eux, sont en embuscade…