Delphine Wespiser, miss France 2012, ainsi que cinq miss régionales françaises sont à Djerba pour faire la promotion du tourisme tunisien. (D R)

Pendant le procès des Femen, la Tunisie mise sur les miss pour relancer le tourisme

Six miss françaises ont débarqué sur l’île de Djerba afin de promouvoir le tourisme en Tunisie. Une application d’une vieille recette publicitaire : l’utilisation du corps de la femme à des fins commerciales. 

Les miss françaises (cinq miss régionales, et Delphine Wespiser, la miss France 2012), sont arrivées dimanche à Djerba. Radieuses et enjouées, elles ont tenu leur rôle à la perfection. 

Leur présence sur l’île n’était rien d’autre qu’une campagne publicitaire pour le tourisme tunisien, en perte de vitesse auprès des clients français. 

Depuis la Révolution de janvier 2011, la Tunisie, destination touristique de premier choix sous l’ère Benali, a connu une baisse de fréquentation considérable. 

 

La Tunisie boudée par les touristes français

Les Français, en particulier, qui étaient parmi les plus grands consommateurs de séjours en Tunisie, ont déserté la destination. 

L’atterrissage des miss sur Djerba avait donc pour but de véhiculer une image positive et de rassurer les touristes hésitants. D’autant plus que la Tunisie considère que les médias français ne cessent de focaliser et d’amplifier l’insécurité dans le pays. 

Des reportages télévisés, notamment, présentant la Tunisie sous de très mauvais aspects, ont provoqué une vague d’indignation de la société tunisienne contre la presse française. 

Les miss et leurs paillettes sont allées à la rencontre des habitants de Djerba, et devaient visiter aujourd’hui le marché de l’île accompagnées de Heba Talmoudi, la miss Tunisie 2013.

Avec leurs déclarations, les reines de beauté françaises ont tenu le rôle d’ambassadrices qui leur était confié. Miss France 2012 expliquait être venue en Tunisie "pour se reposer, faire plaisir et chercher le soleil". Ou Alison Martin, miss Pyrénées 2010, a dit sa "hâte d'aller à la rencontre de Tunisiens".

 

Miss et Femen dans le même panier ?

Des propos sans grande consistance, qui font tout de même s’interroger sur cette opération de communication, et la façon dont elle est menée. Au-delà de l’image de la Tunisie, c’est aussi l’image de la femme, véhiculée par ce genre de procédé commercial, qui peut poser débat. 

Quitte à être provocateur, on pourrait dire que les promoteurs de cette campagne publicitaire emploient les mêmes méthodes que les Femen, dont le procès a repris aujourd’hui. 

Les Femen, activistes féministes, s’exhibent seins nus pour exprimer leurs revendications. Trois d’entre elles, venues soutenir Amina Tyler, Femen tunisienne incarcérée, ont été arrêtées et la décision du juge les concernant devrait être connue dans l’après-midi

Aussi discutables que soient leurs actions, le mode opératoire des Femen est d’utiliser leurs corps pour faire passer un message. 

Dans un tout autre registre, et à des fins bien différentes, la venue des miss à Djerba  correspond exactement à la même méthode d’utilisation du corps de la femme pour la diffusion d’un message. 

Ce parallèle paradoxal, dans une Tunisie toujours secouée par les lendemains de la Révolution et ses bouleversements politiques, n’est pas anodin.