Edito : La supercherie médiatique 

Edito: La supercherie médiatique 

Le feu nourri entre Tel-Aviv et Téhéran monte en puissance. Bien que prévisible, l’embrasement atteint une ampleur inattendue. Les bilans humains s’alourdissent de part et d’autre, les destructions se multiplient.

En Israël, les sirènes et les smartphones hurlent lors des alertes, les abris font le plein. Les Israéliens réalisent que leur pays n’est pas une forteresse imprenable. Les images de maisons réduites en gravats à Rishon LeZion, d’immeubles soufflés à Bat Yam et de quartiers entiers ravagés à Haïfa ont fissuré le mythe de l’invincibilité. Le fameux Dôme de fer n’offre aucune protection absolue. Jusqu’à quand ? s’interroge-t-on, devinant que, derrière la question du nucléaire, d’autres motivations animent la volonté de Netanyahou, qui avance sur un fil.

En Iran, les frappes causent des dégâts considérables. Elles ne ciblent pas seulement les installations militaires et nucléaires, mais aussi des sites économiques et des sièges de services publics clés. Les populations civiles, désemparées et plongées dans la terreur, ne sont pas épargnées. Les autorités israéliennes leur envoient des messages de mise en garde, avec l’objectif évident de semer le chaos.

Pendant ce temps, derrière les sirènes et les explosions, se joue une autre bataille : celle de l’information — ou plutôt de sa manipulation. Sur les plateaux télévisés français, un récit habilement construit prend forme. Des « experts » autoproclamés, généraux en retraite et éditorialistes connus pour leur complaisance envers Tel-Aviv, répètent en boucle la même antienne : « Israël ne veut pas la guerre, il veut libérer l’Iran. »

Voilà que l’État qui bombarde Gaza depuis plusieurs mois, qui colonise la Cisjordanie, qui frappe le Liban et la Syrie en toute impunité, devient soudain le libérateur des Iraniens. La manipulation est grossière, mais elle fonctionne. En quelques jours, le discours a basculé :

Finis les rappels sur les 60 000 morts à Gaza, plus un mot sur les crimes de guerre, les famines organisées, les hôpitaux détruits. Place au nouveau héros : Israël, défenseur des opprimés sous la dictature des mollahs.

Le récit dominant blanchit Israël : l’État génocidaire se mue brusquement en rempart contre l’islamisme, en sentinelle de l’Occident. Dans ce nouveau narratif, la détention de l’arme nucléaire par Tel-Aviv devient légitime, presque souhaitable. Le pays, présenté comme gendarme régional, n’est plus jugé selon le droit international, mais selon ses affinités géopolitiques.

Une supercherie criminelle.