Maroc : le triste sort des « petites bonnes »

Les conditions d’emploi des jeunes travailleuses (petites bonnes, 16 à 18 ans) fait débat au Maroc. Des associations dénoncent deux décrets récemment adoptés. Ces textes légalisent leur travail sous certaines conditions.

« Sous couvert de protéger les mineures, on légalise leur travail en douce. Ces décrets sont une excuse pour éviter d’interdire le travail des mineures », réagit une militante pour la scolarisation des petites filles, rapporte une contributrice du journal Le Monde Afrique à Casablanca.

Présidente de l’Institution nationale de solidarité avec les femmes en détresse (Insaf), Bouchra Ghiati estime pour sa part que les conditions fixées sont «impraticables», selon la même source.

Un des deux décrets énumère en effet les tâches théoriquement interdites aux mineurs : l’utilisation du fer à repasser, des appareils électroniques ou tranchants, la manipulation des produits médicamenteux ou des détergents composés de substances reconnues dangereuses…

193000 enfants de 7 à 17 ans...

Comment faire appliquer ces mesures ? « Les domiciles sont inviolables. Les inspecteurs, déjà peu nombreux, et les assistantes sociales, qui n’ont pas de statut juridique, ne peuvent pas y accéder. Il est impossible de garantir les mesures de contrôle prévues par la loi », rappelle Mme Ghiati.

Les « petites bonnes » restent dans tous les cas honteusement exploitées par leurs employeurs, en raison justement de l’absence de contrôle. Les efforts des associations ont le mérite d’exister, mais ils ne sont pas appuyés par des dispositifs publics.

Quelque 193 000 enfants de 7 à 17 ans exercent un travail dangereux, dont 42 000 filles, selon les chiffres du Haut-Commissariat au plan (HCP), datant de 2016.

Les employées de maison touchent en règle générale des salaires de misère, jusqu’à 60 % du salaire minimum marocain (2 570 dirhams par mois, soit environ 225 euros), précise la contributrice du Monde Afrique. Elles n’ont aucune couverture sociale… Des conditions d’un autre âge