L'état d'urgence et le couvre-feu sont en vigueur en Egypte. Des mesures officiellement condamnées par le président américain, Barack Obama. (Xinhua)

Egypte : La communauté internationale condamne les violences, l'UE annonce une réunion pour lundi

Les représentants des vingt-huit Etats membres de l'Union Européenne (UE) se réuniront lundi à Bruxelles pour faire le point sur la situation en Egypte, a annoncé vendredi l'UE.             
Selon les chiffres officiels, plus de 600 personnes ont été tuées dans les affrontements à travers le pays, opposant les forces de sécurité aux partisans du président déchu Mohamed Morsi.
 
Les dirigeants de l'UE ont appelé à la retenue et à un retour aux dialogues pour sortir de l'impasse politique, qui a débuté lors de la destitution par l'armée du président Mohamed Morsi en juillet. La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a annoncé qu'elle surveillait la situation avec une grande inquiétude.
 
Plus globalement, cette effusion de sang, qui a fait l'objet d'une large couverture médiatique, a immédiatement suscité de vives préoccupations de la communauté internationale.
 
Au lendemain des affrontements sanglants, de l'ONU aux pays occidentaux en passant par les pays arabes, tous ont rapidement réagi aux violences en Egypte.
 
Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont souhaité que "les parties en Egypte fassent preuve d'un maximum de retenue", a déclaré jeudi la présidente argentine du Conseil à l'issue de consultations sur la crise en Egypte, organisées suite à la demande conjointe de la France, du Royaume-Uni et de l'Australie.
 
La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne ont tous convoqué l'ambassadeur d'Egypte dans leur pays respectif, alors que le Canada a annoncé jeudi la fermeture de son ambassade en Egypte en raison des violences afin d'assurer la sécurité de son personnel consulaire.
 
L'Algérie a exprimé pour sa part sa "grande préoccupation" tout en soulignant que "le dialogue entre tous les Egyptiens constitue plus que jamais la seule voie pour bâtir un consensus permettant le retour à l'ordre et à la sécurité".
 
Dans les pays arabes, le Qatar a condamné "avec force" l'intervention de la police contre des "manifestations pacifiques".
 
Quant à la Chine, le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, a affirmé lors de son entretien téléphonique avec son homologue jordanien, que la Chine accorde une attention particulière à l'évolution de la situation en Egypte et est profondément préoccupée par la crise.
 
La réaction de la Turquie face à la situation en Egypte s'est avérée très vive. Le ministère turc des Affaires étrangères a rappelé jeudi pour consultations son ambassadeur en Egypte après avoir fermement condamné "l'agression" par les forces de sécurité égyptiennes contre les partisans du président déchu Mohamed Morsi.
 
Le ministère égyptien des Affaires étrangères a, quant à lui, réagi peu après en rappelant l'ambassadeur d'Egypte en Turquie pour consultations.
 
 

LES RELATIONS AMERICANO-EGYPTIENNES DANS UN DILEMME

Au lendemain des affrontements meurtriers, le président américain Barack Obama a fermement condamné jeudi les violences en Egypte, alors que le pays a accusé vendredi M. Obama d'"encourager" les groupes violents.
 
"Les Etats-Unis condamnent avec force les mesures prises par le gouvernement intérimaire égyptien", a affirmé jeudi M. Obama, qui n'a pas oublié de dénoncer la réinstauration de l'état d'urgence.
 
En outre, il a annoncé l'annulation de manoeuvres militaires conjointes avec l'Egypte en réaction à la répression sanglante menée par l'armée égyptienne, mais Washington n'est pas allé jusqu'à couper l'assistance militaire, d'un montant de 1,3 milliard de dollars par an, à cet allié stratégique dans cette région.
 
Washington se réserve toutefois la possibilité de prendre des "mesures supplémentaires", a souligné le président américain. Quelles que soient les "mesures supplémentaires", les Etats-Unis "maintiendront" leurs relations militaires avec l'Egypte, a affirmé le chef du Pentagone Chuck Hagel.
 
Peu après la déclaration de M. Obama, la présidence égyptienne a réagi en rendant public tôt vendredi un communiqué, selon lequel la déclaration américaine est "sans fondement" et risque de renforcer et encourager les groupes violents.
 
La déclaration du président américain est intervenue alors que des médias occidentaux et américains ne cessaient de l'exhorter à prendre des mesures contre les violences en Egypte.
 
Selon les médias occidentaux, malgré cette déclaration, la marge de manoeuvre reste réduite compte tenu du poids stratégique de ce pays arabe pour les Etats-Unis.
 
M. Obama peut-il réellement agir efficacement contre les violences en Egypte ? Une question à laquelle il est pour l'instant impossible de répondre.