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Aux fourneaux de l’exil : quand les cuisines syrienne et afghane ouvrent la voie de l’insertion

Dans plusieurs villes françaises, des réfugiés syriens et afghans trouvent dans la cuisine un premier ancrage professionnel et social. Entre transmission de savoir-faire, entrepreneuriat et création de liens, ces ateliers culinaires deviennent de véritables tremplins vers une nouvelle vie.

Dans un petit local prêté par une association marseillaise, l’odeur du zaatar se mêle à celle du riz aux épices afghan. Autour des fourneaux, Farid, ancien professeur de Kaboul, et Yara, mère de famille originaire de Homs, préparent un repas partagé qui servira à la fois de formation et de rencontre. Pour ces réfugiés récemment arrivés, la cuisine n’est pas seulement un savoir-faire : c’est un moyen d’exister dans un pays où tout reste à reconstruire.

Depuis quelques années, des structures comme Meet My Mama, Cuisine Sans Frontières ou encore des initiatives locales de centres sociaux utilisent la gastronomie comme levier d’insertion. Les réfugiés y apprennent les bases de la restauration en France — hygiène, gestion des approvisionnements, organisation en cuisine — tout en valorisant leur héritage culinaire. « On ne leur demande pas d’oublier d’où ils viennent : au contraire, c’est la base de leur projet », explique Camille G., coordinatrice d’un atelier culinaire à Montpellier.

 Un métier, une langue, une place

Au-delà de la formation professionnelle, ces cuisines deviennent des espaces de sociabilité. La langue française s’y apprend entre deux gestes, dans un échange naturel, loin du cadre scolaire parfois intimidant. Les participants reprennent confiance en eux, s’habituent aux rythmes de travail et découvrent les codes du monde de l’entreprise.

Samira, arrivée d’Alep en 2022, a intégré un service traiteur associatif. « Quand on cuisine pour les autres, on se sent utile. On retrouve une place », confie-t-elle. Certains finissent par décrocher un emploi en restauration, d’autres créent leur microentreprise ou participent à des marchés solidaires, où leurs plats rencontrent un public toujours plus curieux.

Ces projets permettent aussi de transformer le regard porté sur les réfugiés, trop souvent réduits à leur statut administratif. En découvrant le mantu afghan ou le mouhammara syrien, les habitants rencontrent des histoires, des voix, des parcours. La cuisine devient un langage commun, capable d’abattre les préjugés plus sûrement qu’un long discours.

Dans un contexte où l’insertion professionnelle reste complexe et les obstacles nombreux, ces initiatives montrent qu’un simple tablier peut ouvrir des horizons. Aux côtés de Farid, Yara et tant d’autres, les fourneaux de l’exil deviennent des lieux où se tissent les premières pages d’une nouvelle vie.

 

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