À Marseille et Montpellier, la déferlante levantine : pourquoi la cuisine palestinienne et libanaise séduit tant
Houmous fouetté, labné frais, grillades parfumées : la cuisine levantine connaît un essor spectaculaire à Marseille comme à Montpellier. Entre quête d’authenticité, curiosité culturelle et engagements éthiques, ces nouvelles tables palestiniennes et libanaises attirent un public toujours plus large.
Depuis deux ans, les ouvertures de restaurants levantins s’enchaînent sur les rives méditerranéennes françaises. À Marseille, du Panier à Castellane, les comptoirs de man’ouchés côtoient désormais les sandwicheries syriennes et les tables libanaises historiques. À Montpellier, l’Écusson et la Comédie voient fleurir mezzés et falafels maison. L’engouement est net : un mélange d’épices, d’histoires de familles et de poésie culinaire qui séduit toutes les générations.
Les restaurateurs évoquent une tendance portée par une clientèle en quête de saveurs fraîches, végétales et accessibles. « Les gens veulent du goût, du partage et des produits sains », explique un chef palestinien installé à la Plaine. Les mezzés, petites portions à picorer, s’accordent parfaitement aux nouvelles pratiques alimentaires : flexitarisme, repas à plusieurs, cuisine ouverte sur le monde. Les prix, souvent raisonnables, renforcent l’attractivité de ces adresses, dans un contexte d’inflation qui pousse les convives à chercher le meilleur rapport qualité-prix.
Une cuisine, une mémoire, un récit
Mais l’explosion de ces restaurants tient aussi à un facteur plus sensible : le désir de mieux connaître les cultures du Levant, à travers leurs récits culinaires. À Marseille, carrefour ancien de diasporas, les restaurateurs palestiniens et libanais racontent volontiers l’histoire derrière chaque plat : le taboulé d’une mère restée à Ramallah, le kebbé transmis d’un grand-père du Chouf, la galette zaatar préparée autrefois au village. Manger levantin devient alors un geste culturel, une manière de traverser une géographie intime.
Dans le contexte politique actuel, certains clients voient aussi dans ces tables un espace de soutien symbolique. Les chefs, eux, revendiquent avant tout la transmission d’un patrimoine culinaire. « Notre cuisine parle de terre, de soleil et de résistance douce », souffle une cheffe montpelliéraine, fille de réfugiés libanais. Le succès récente des épiceries levantines – zaatar artisanal, huile d’olive de Cisjordanie, douceurs d’Aley – témoigne de cette volonté de connexion sincère.
Enfin, l’esthétique joue son rôle : ces restaurants misent sur des décors simples, chaleureux, inspirés des maisons du Levant. Bois clair, céramiques colorées, musique feutrée : une ambiance qui contraste avec les codes plus standardisés de la restauration rapide.
À Marseille comme à Montpellier, la vague levantine n’a donc rien d’un effet de mode. Elle s’inscrit dans un mouvement de fond où les citoyens cherchent d’autres manières de voyager, de comprendre et de partager. La cuisine palestinienne et libanaise, à la fois humble et sophistiquée, trouve ainsi toute sa place dans les nouvelles cartographies gustatives du Sud.