Les pays méditerranéens de l'UE rompent le silence sur Gaza, mais les actes se font attendre
Les neuf pays de l'Union européenne bordant la Méditerranée, le « MED9 », ont lancé un appel pressant. Réunis en sommet le 20 octobre 2025, ils exigent la « libération immédiate de toute aide humanitaire pour Gaza ». La France, l'Italie, l'Espagne et leurs partenaires réclament aussi la protection de la presse et le respect du cessez-le-feu. Le Premier ministre slovène, Robert Golob, a été catégorique : « Il n’y a absolument aucune excuse pour bloquer cette aide. ». Il a sommé Israël d'ouvrir le passage de Rafah.
Cet appel est nécessaire. Des millions de personnes à Gaza manquent de tout : nourriture, soins, eau potable. Mais il arrive tard. Très tard. Après des mois de blocus, de bombardements et de souffrances. Le silence observé jusqu'ici par ces pays, pourtant voisins de la crise, pose une question cruciale : pourquoi n'ont-ils pas parlé plus tôt ?
Cette longue absence de réaction s'apparente à une complicité passive. Leur parole reste symbolique tant qu'elle n'est pas suivie d'actions concrètes. Le temps perdu creuse un fossé immense entre les déclarations et la réalité sur le terrain.
Des paroles, mais peu de poids
Malheureusement, cet appel a peu de chances d'être entendu. Pour deux raisons principales : l'impunité d'Israël et l'immobilisme de l'UE. L'État hébreu bénéficie d'un bouclier diplomatique et militaire de la part des États-Unis. Cette protection paralyse la pression internationale. Sans levier fort, un simple « appel » reste une lettre morte. L'Union européenne, en dépit de ses valeurs, refuse de passer aux actes. Elle n'a pas conditionné son accord commercial avec Israël, ni imposé de sanctions significatives. L'UE en reste aux mots.
Des fonctionnaires européens l'avaient déjà dénoncé dans une lettre ouverte : l'Union, par son silence, se rend complice. L'appel des MED9 est donc un signal double. D'un côté, il montre que les pays du sud de l'UE se sentent concernés par la stabilité de leur voisinage. Ils sortent enfin de leur mutisme. De l'autre, il révèle l'incapacité de l'Europe à transformer ses principes en politique courageuse. Sans plan de sanctions ou de pression réelle, l'impact de cet appel sera sans issue. Ils ont parlé. C'est un début. Mais dans l'urgence humanitaire, l'humanité exige bien plus que des mots. Elle exige des actes.
Photo: (DR)