Algérie : Said Bouteflika et les ex-patrons des renseignements devant les juges

C’est le procès le plus attendu dans une Algérie en ébullition : Saïd Bouteflika, Mohamed Mediene -directeur des services secrets pendant 25 ans-, son successeur Athmane Tartag et la cheffe du Parti des travailleurs (PT, trotskiste) Louisa Hanoune, comparaissent lundi 23 septembre devant le tribunal militaire de Blida.

Saïd Bouteflika et les deux ex-patrons du renseignement ont été incarcérés le 5 mai. Mme Hanoune a été placée en détention provisoire le 9 mai. La justice militaire les avait inculpés pour « atteinte à l’autorité de l’armée » et « complot contre l’autorité de l’Etat ».

La tenue du procès coïncide avec un durcissement de la répression du vaste mouvement de contestation amorcé le 22 février dernier.

L’homme fort du moment, le chef d’Etat-Major, Gaïd Salah, impose des élections présidentielles le 12 décembre prochain. Un affront lancé aux millions d’Algériens qui manifestent tous les mardis et vendredis.

Reconduire le même système...

Déterminés à provoquer une véritable rupture, ceux-ci rejettent un scrutin organisé par les hommes de Bouteflika toujours au pouvoir : le Premier ministre Noureddine Bedoui et le chef de l’Etat par intérim Abdelkader Bensalah. Eux, et la clientèle du régime tapie à l’ombre des institutions et de l’Administration. Ils ne veulent pas de la reconduction du même système.

Les millions de manifestants dénoncent aussi les arrestations arbitraires quotidiennes, les atteintes aux libertés, dont la circulation en direction de la capitale les jours de manifestation, les tentatives de division de la population, la manipulation de l’opinion à travers les médias publics.

Chef de file du clan qui a triomphé en précipitant la chute de Bouteflika, Gaïd Salah, veut passer en force et imposer un candidat dévoué à la caste qui entend désormais diriger le pays.

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