Les autorités pénitentiaires tentent à présent de forcer les grévistes à se nourrir. Des actes strictement interdits, y compris par la législation israélienne... (DR)

«L’Autorité palestinienne s’est adressée à la Croix-Rouge et au Conseil des droits de l’homme»

Ambassadeur de Palestine à Paris, Selma El Herfi revient sur la situation des détenus palestiniens en grève de la faim dans les prisons israéliennes. Le diplomate rapporte qu’ils sont déterminés à faire valoir leurs revendications pour des traitements plus humains, conformes au droit international.

_. Dans quel état sont les détenus en grève de la faim depuis le 17 avril ?

Selma El Herfi. Nous savons que sur le plan sanitaire, leur situation ne cesse de se détériorer. La négligence médicale dont souffrent habituellement les prisonniers fait encore plus dégâts. Nous savons également que de nombreux leaders, dont Marwan Barghouti, ont été mis à l’isolement, dans des conditions particulièrement épouvantables. L’objectif étant évidemment de les contraindre à rompre le mouvement. Ils sont aussi transférés d’une prison à l’autre. Ils sont, de plus, privés des visites de leurs proches, ainsi que de leurs avocats. Israël est ainsi, sans surprise, en totale infraction avec le droit international et avec toutes les règles de traitement des prisonniers politiques et de guerre. L’Autorité palestinienne a engagé des démarches auprès de la Croix-Rouge internationale à Genève et du Conseil des droits de l’homme. Notre ambassadeur aux Nations unies a saisi le Conseil de sécurité. Nous attendons de ces institutions qu’elles exercent une pression sur les autorités israéliennes. Celles-ci opposent pour l’instant une fin de non-recevoir à toutes les démarches, d’où qu’elles viennent.

_.Qu’en est-il des réactions dans l’opinion, au plan international ?

S.El H. Nous avons des retours de l’indignation qui s’exprime – de l’Afrique du Sud jusqu’au Canada, du Mexique jusqu’en Chine – devant l’attitude d’Israël qui agit impunément, hors de toutes les lois internationales. Paris est l’avant-garde d’une vaste campagne de solidarité avec les détenus et le peuple palestiniens, notamment avec le réseau de Marwan Barghouti. Les communiqués qui nous parviennent des détenus confirment dans tous les cas leur détermination à se faire entendre dans l’opinion internationale. Le sort qui leur est fait est de mieux en mieux connu. L’opinion prend la juste mesure de la légitimité de leurs revendications concernant les visites familiales et de la Croix-Rouge internationale, les soins de santé, la nourriture, les conditions de transport…

_. Les autorités israéliennes semblent ne vouloir céder sur aucun point. Jusqu’où peuvent-elles aller ?

S.El H. Leur attitude est de plus en plus inquiétante. Les autorités pénitentiaires tentent à présent de forcer les grévistes à se nourrir. Des actes strictement interdits, y compris par la législation israélienne.

_. Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, a rencontré Donald Trump le 3 mai. Il serait question d’une relance des pourparlers de paix…

S.El H. Mahmoud Abbas s’est effectivement rendu à Washington, à l’invitation de M. Trump. Il y a surtout réaffirmé l’attachement de l’Autorité palestinienne au principe des deux États. Plus précisément, un État palestinien indépendant dans le cadre des frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale. Mais pas seulement. Se posent aussi, inévitablement, la question des réfugiés et celle des colonies israéliennes qui ne cessent de progresser en territoires occupés. Donald Trump doit se rendre à Riyad, à Tel-Aviv et en Cisjordanie. Il rencontrera une seconde fois le président Abbas et nous aurons alors plus de précisions sur la démarche états-unienne en faveur d’une relance des pourparlers avec Israël.

Source: Humanité Dimanche n° 561