Marseille, l’hiver en plein soleil : comment la cité phocéenne tire la relance touristique
Alors que le marché hôtelier français reste contrasté en 2025, Marseille confirme sa place parmi les destinations européennes les plus attractives en hiver. Entre patrimoine vivant, scène culinaire bouillonnante et orientations assumées vers un tourisme durable, la ville transforme la saison froide en véritable moteur de reprise pour les professionnels de l’hôtellerie et de la restauration.
L’hiver n’est plus un temps mort à Marseille. Depuis quelques années déjà, la cité phocéenne s’invite dans le paysage hivernal européen comme une alternative méditerranéenne aux capitales saturées. En 2025, la tendance s’affirme : face à un marché national encore marqué par des signes de fragilité — notamment dans la restauration indépendante et les petits hôtels — Marseille tire son épingle du jeu.
Les chiffres de fréquentation témoignent d’un mouvement profond. La douceur du climat, l’accès facilité par les liaisons ferroviaires et le charme intact du Vieux-Port séduisent un public varié : voyageurs européens en quête d’authenticité, familles urbaines qui fuient la grisaille, retraités amateurs de patrimoine, télétravailleurs nomades attirés par les espaces de coworking et les loyers encore abordables... Cette diversité ouvre la voie à une consommation plus étalée, moins dépendante de l’été.
Entre reprise sélective et fragilités persistantes
Si les grands établissements hôteliers profitent de cet élan, grâce à une clientèle étrangère revenue en nombre, la situation reste plus complexe pour les structures de taille moyenne ou les restaurants de quartier. L’après-Covid n’a pas effacé la problématique des coûts fixes, ni celle de la pénurie de main-d’œuvre. Beaucoup misent aujourd’hui sur la clientèle hivernale pour retrouver un équilibre : menus plus courts mais locavores, soirées thématiques, collaborations avec les acteurs culturels ou associatifs du territoire.
Car Marseille attire aussi par ce qui fait sa singularité : une scène culinaire inventive, nourrie par les influences de la Méditerranée, et une offre culturelle en pleine effervescence. Expositions temporaires au Mucem, festivals émergents, parcours d’art urbain, ouverture de nouveaux lieux hybrides mêlant concert, restauration et atelier... L’hiver devient un terrain fertile pour raconter une autre histoire de la ville.
Cette dynamique s’appuie également sur l’essor du tourisme durable. Randonnées sur les sentiers moins fréquentés des calanques, balades littorales, visites patrimoniales en petits groupes, hébergements engagés dans la réduction de leur empreinte carbone : Marseille joue la carte d’un tourisme maîtrisé, sans renoncer à son énergie.
Au final, la capitale du Sud semble avoir trouvé la bonne équation : un hiver radieux, une identité forte, et une capacité à séduire sans se travestir. Pour les professionnels de l’hôtellerie et de la restauration, la saison froide devient un horizon à exploiter, plutôt qu’un tunnel à traverser. Marseille, fidèle à elle-même, avance à contretemps — et c’est peut-être là que réside sa force.