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Les touristes algériens désertent la Tunisie : l'effet des nouvelles restrictions

Les postes-frontières entre l'Algérie et la Tunisie, habituellement bondés en cette période de fêtes, affichent un calme inhabituel. Après des mois de ruée massive et de files d'attente interminables, l'affluence des touristes algériens connaît une chute spectaculaire. En cause : le durcissement des conditions d'octroi de l'allocation touristique et la traque des fraudeurs.

Le contraste est saisissant. Début décembre, les points de passage de Melloula, Babbouch et Oued Jalil croulaient sous les demandes. Quelques semaines plus tard, ces mêmes postes sont curieusement vides. Un retournement de situation qui inquiète les professionnels du tourisme tunisien, pour qui les visiteurs algériens représentent une manne indispensable.

La Banque d'Algérie a durci les règles du jeu. Si le montant de l'allocation touristique reste fixé à 750 euros par adulte et 300 euros par mineur, les modalités d'accès ont été profondément modifiées. Depuis une semaine, il est obligatoire de disposer d'un compte bancaire pour en bénéficier, et la contrepartie en dinars doit être réglée exclusivement par chèque ou carte bancaire.

Chômeurs et étudiants exclus de fait

Cette nouvelle exigence exclut de fait de nombreux profils. Les chômeurs et les étudiants, qui ne sont généralement pas autorisés à ouvrir des comptes bancaires en Algérie, se retrouvent dans l'impossibilité de voyager légalement. Une mesure qui vise à endiguer les fraudes massives constatées ces derniers mois.

Car le phénomène avait pris des proportions alarmantes. Après l'obtention de l'allocation touristique, de faux voyageurs se rendaient en Tunisie par les voies légales pour obtenir le cachet d'entrée sur leurs passeports, puis revenaient en Algérie via des points non surveillés. L'objectif : détourner les 750 euros vers le marché noir. Le ministre concerné a évoqué le départ de 5 000 bus vers la Tunisie entre novembre et décembre, une période qui ne connaît habituellement pas un tel trafic.

Face à ces contraintes cumulées, la plupart des agences de voyages ont été contraintes d'annuler leurs programmes de fin d'année. Certaines évoquent même un arrêt quasi total des voyages organisés vers la Tunisie depuis l'Algérie.

Pour autant, le bilan annuel reste honorable. Le nombre de touristes algériens a dépassé 3,5 millions pour l'année 2025. Les postes frontaliers du gouvernorat de Jendouba ont enregistré 1,4 million de passages entre janvier et novembre. Mais cette chute brutale en fin d'année ternit le tableau et inquiète les hôteliers tunisiens, qui comptaient sur les fêtes pour remplir leurs établissements.

La Tunisie, qui a accueilli 11 millions de visiteurs au 21 décembre 2025, dépend largement du tourisme algérien, particulièrement pendant les périodes de vacances. Cette nouvelle donne pourrait l'inciter à diversifier davantage sa clientèle, notamment vers les marchés européens et asiatiques, comme en témoigne la hausse de 17,9% des visiteurs chinois cette année.

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