Manifestation de journalistes à Tunis pour la liberté de la presse (DR)

Tunisie: les islamistes d’Ennahda au gouvernement veulent mettre la presse au pas

Les journalistes et la presse de façon générale ne sont pas en odeur de sainteté auprès des islamistes tunisiens d’Ennahda au pouvoir. Ces derniers placent leurs hommes à la tête des médias publics et ouvrent une «chasse aux sorcières», au motif qu’ils veulent « nettoyer les médias », les débarrasser des anciens fidèles à Ben Ali, les « RCDistes.

Les changements s’opèrent de façon arbitraire, c’est le fait du prince, alors que des textes sont supposés fixer le cadre des nominations. Ennahda a ainsi remplacé du jour au lendemain tous les directeurs de l’audiovisuel public.

«Ce qui avait été au départ annoncé comme une exception est devenu la règle au fil des mois», a commenté Reporters sans frontières. Et parmi les nommés, il y aurait plusieurs RCDistes, commente un membre du syndicat national des journalistes.

Ennahda a également parachuté un boss à la tête du groupe Dar Assabah, propriété confisquée par l’Etat à un gendre de Ben Ali qui a aussitôt coupé des têtes et ouvert les hostilités avec le reste de la rédaction, n’hésitant pas à envoyer au pilon les 17000 exemplaires publiés avec un communiqué de protestation.

Une liste noire…

Sami Fehri, patron de la chaîne de télévision « Tounsia » dort quant à lui actuellement en prison. Une émission dans le style des « Guignols de l’Info » qui tournait en dérision les hommes politiques au pouvoir, dont le président du parti islamiste, lui a attiré les foudres de l’exécutif.

On a alors vite fait de remettre sur le tapis une affaire de malversations du temps où il était associé à Belhassen Trabelsi, beau-frère de Ben Ali, et de le coffrer pour « corruption ».

«On m’a dit qu’il y avait désormais une liberté d’expression en Tunisie. Je pensais qu’on pouvait travailler, mais malheureusement je m’étais trompé», a déclaré Sami Fehri dans une vidéo postée sur Facebook juste avant son incarcération.

Une « liste noire » des journalistes qui auraient été très proches de l’ancien régime serait en préparation, mais nul ne doute qu’elle servira surtout de prétexte pour écarter et réduire au silence les plumes et les esprits susceptibles de parasiter et de contrer le discours politique d’Ennahda.