Famine sous les bombes : quand Israël piège les Gazaouis affamés pour mieux les abattre

Famine sous les bombes : quand Israël piège les Gazaouis affamés pour mieux les abattre

Une scène insoutenable s’est rejouée mardi 3 juin dans le sud de la bande de Gaza. Vingt-sept Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens alors qu’ils tentaient d’accéder à un centre de distribution d’aide humanitaire. Ils ne portaient ni armes, ni menace. Ils portaient la faim. 

L’espoir de quelques rations pour survivre un jour de plus dans l’enfer de Rafah, rasée, affamée, encerclée. À cet endroit précis, deux jours plus tôt, 31 autres personnes avaient déjà trouvé la mort dans des circonstances similaires. Ce n’est plus une tragédie, c’est une mécanique. Un piège sanglant.

L’armée israélienne a reconnu les faits : oui, elle a tiré. Oui, elle a ouvert le feu sur des civils rassemblés autour d’un rond-point, situé à moins d’un kilomètre d’un centre d’aide géré par une structure méconnue, la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), au financement trouble mais soutenue par les États-Unis et Israël. 

« Des tirs de semonce en direction de suspects », a déclaré froidement un porte-parole de Tsahal. Le bilan humain, lui, n’a rien de sommaire : des corps sans vie, entassés dans la poussière, des cris, des vivres éparpillés dans le sang.

« Des tueries similaires se répètent »

Ces « suspects », ce sont des Gazaouis qui n’en peuvent plus. 2,4 millions d’habitants, affamés, épuisés, pris au piège d’un siège impitoyable et de bombardements incessants. Ils n’avaient que la faim pour mobile. Que le désespoir pour arme. 

Le Comité international de la Croix-Rouge a confirmé le bilan. L’ONU parle de « crimes de guerre ». Volker Türk, Haut-Commissaire aux droits de l’homme, a exprimé une nouvelle fois son effroi face à cette violence méthodique : « Des tueries similaires se répètent », dénonce-t-il. Mais sa voix, comme tant d’autres, s’épuise dans le vide diplomatique d’un monde occidental devenu sourd.

Un mécanisme délibéré d’humiliation et d’extermination lente

Car la vérité dérange : il ne s’agit pas d’un accident. Ce dispositif humanitaire n’a rien d’innocent. Il ressemble à un leurre cynique, à un mécanisme délibéré d’humiliation et d’extermination lente. On affame, on encercle, on coupe tout, puis on prétend distribuer l’aide — à condition que les affamés viennent dans les lieux désignés par l’occupant, comme du bétail. Et dès qu’ils s’en écartent, on tire.

Le message est clair : vous mourrez de faim ou vous mourrez en essayant de manger. La guerre est devenue une punition collective, une logique de déshumanisation totale. Même la faim devient suspecte. Même la survie devient une menace. La frontière entre cible militaire et civil a disparu. Ce qui se joue à Gaza n’est pas seulement une guerre. C’est une stratégie de domination absolue, une entreprise d’effacement.

Malgré cela, les chancelleries occidentales restent figées. Pas de sanctions. Pas de lignes rouges. L’impunité d’Israël semble sans limite, même lorsqu’elle écrase au sol les conventions les plus élémentaires du droit international. Même quand les images sont insoutenables. Même quand les mots manquent.