A Aix-en-Provence et à Marseille, la peur panique du nouveau Coronavirus

La mise en quarantaine à Aix-en-Provence, depuis dimanche 2 février, de 80 rapatriés de Wuhan, épicentre de l'épidémie du nouveau coronavirus, sème la panique parmi les habitants les plus proches du lieu d’accueil, voire même dans le reste de la ville.

On agite le spectre de la Grande Peste de Marseille de 1720 et on craint de voir le mistral propager le virus.  

« A l'époque de la Grande Peste, les gens, on les mettait en quarantaine sur des îles », assène Christian, un ancien gendarme, en proposant le centre de vacances des armées sur l'île de Porquerolles (Var), rapporte l’AFP.

Dans la salle polyvalente du quartier des Milles, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), les autorités locales s’emploient à rassurer une centaine de personnes. On dénonce et on met en garde contre les « théories conspirationnistes, complotistes, et même racistes », qui inondent les réseaux sociaux.

Dans l’assistance on demande notamment pourquoi les rapatriés ont été placés en quarantaine à l'Ecole nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers d'Aix-les-Milles, au sein d’un bassin de vie de 100.000 habitants, plutôt que dans une île en Méditerranée ou dans des centres de vacances au cœur de la Crau ou le plateau d’Albion.

« Symboliquement, cela n'aurait pas été bon », répond le préfet, en évoquant « l'utilisation de l'archipel du Frioul au XVIIIe siècle ». C'est là, en face de Marseille, qu'étaient placés les équipages en quarantaine, après la Grande Peste qui avait fait près de 100.000 morts en Provence, rapporte l’AFP

La grippe fait plus de 10.000 morts par an

Parmi les 65 salariés de l'entreprise d'hélicoptères Guimbal, plusieurs veulent faire valoir leur droit de retrait, jugeant que leur site est trop proche du centre d’accueil des rapatriés.  

« Surtout qu'ils ne s'approchent pas de l'Ecole des pompiers », recommande malgré tout le préfet devant les participants à cette séance d’information complètement interloqués.

« Le virus n'est absolument pas volatil, il vit dans l'eau (NDLR: la salive et les postillons par exemple), l'air ne peut pas le transporter », rassure de son côté le patron de l’Agence régionale de santé (ARS). Les habitants craignant que des "miasmes" soient disséminés par le mistral.

Et qu’en est-il des déchets des personnes en quarantaine ? "Ils sont évacués dans des containers spéciaux", répondent les autorités, rappelant que la durée de vie du virus hors du corps humain est "très brève, de l'ordre de quelques heures seulement".

« Le problème actuellement en France, c'est la grippe, avec plus de 10.000 morts par an. Alors que le coronavirus n'en fera vraisemblablement aucun. Et en plus son taux de létalité est inférieur, avec 2 à 2,5% contre plus de 4% pour la grippe », conclut enfin le directeur de l’ARS.