Poursuivi dans un premier temps pour une agression sans gravité  Habib Kazdaghli encourait seulement 15 jours de prison (DR).

Tunisie: une fille en niqab traîne le doyen de la fac des lettres en Justice, le tribunal alourdit les charges

Accusé d’avoir giflé une étudiante en niqab, le doyen de la faculté tunisienne des lettres, des arts et des humanités de la Manouba, risque 5 ans de prison, rapporte une journaliste de l’AFP présente au tribunal qui a requalifié les faits jeudi 5 juillet en «actes de violence commis par un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions».

Poursuivi dans un premier temps pour une agression sans gravité, Habib Kazdaghli encourait seulement 15 jours de prison.

Les faits remontent à mars, lorsque deux étudiantes portant le voile intégral ont mis à sac son bureau, selon lui. L'une d'entre elles, qui avait été exclue de la faculté pour avoir porté le voile intégral en salle de cours, accuse l'universitaire de l'avoir giflée, indique l'AFP.

La prochaine audience aura lieu le 25 octobre prochain.

Perçue comme une véritable cabale contre montée par les islamistes avec le soutien de la Justice et du gouvernement, l’affaire suscite un large mouvement de solidarité en faveur du doyen.

Défendre un autre projet de société

« Ceux qui m'ont traîné ici aujourd'hui sont les mêmes qui s'attaquent aux libertés et au drapeau national », a déclaré, en référence aux islamistes extrémistes, M. Kazdaghli entouré de quelque 200 partisans devant le siège du tribunal de première instance de la Manouba, à 30 km de Tunis.

« Cette histoire est un prétexte pour (défendre) un autre projet de société, celui de séparer les filles et les garçons à l'université. Ce n'est pas un projet de modernité. Aujourd'hui, c'est le procès de l'université, notre pont vers le monde et le progrès », a-t-il dit, selon l’AFP.

Un avocat mandaté dans cette affaire par la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, Mohamed Hedi Laabidi, a pour sa part estimé que des membres du gouvernement dominé par les islamistes n'étaient pas étrangers aux poursuites visant le doyen.

« Il ne fait aucun doute que le gouvernement est impliqué dans ce procès, le ministre de l'Enseignement supérieur, le ministre de l'Intérieur », a-t-il déclaré.