Le voilier qui défie la barbarie israélienne dans les eaux de Gaza
Par N.TPublié le
Le voilier Madleen brave l’interdit imposé par Israël depuis dix-sept ans. Parti d’Italie le 1er juin, ce bateau humanitaire, chargé d’aide médicale, de nourriture et de fournitures pour enfants, s’apprête à entrer dans les eaux territoriales palestiniennes. À son bord, une douzaine de militants déterminés, dont Greta Thunberg et Rima Hassan, défient la barbarie d’un État qui affame une population entière sous les yeux d’une communauté internationale figée dans la lâcheté.
Alors que les ONG alertent sur un risque de famine totale à Gaza et que les morts s’accumulent par dizaines de milliers, le Madleen ne vient pas seulement livrer des vivres : il vient briser l’omerta, rappeler que le droit international existe encore, et pointer la complicité active ou passive des puissances occidentales.
« Notre mission est de soutenir la résistance palestinienne et de défier le blocus et le génocide israéliens », a déclaré l’écologiste Suédoise Greta Thunberg sur les réseaux sociaux. Une déclaration claire, à rebours du langage aseptisé des chancelleries européennes.
La marine israélienne se dit « prête »
Le Madleen avance à contre-courant d’un monde qui voit tout mais refuse de nommer l’horreur. Depuis octobre 2023, l’offensive israélienne sur Gaza a causé la mort de plus de 55 000 personnes. L’ONU affirme que 100% de la population est aujourd’hui menacée de famine. Et pourtant, la solidarité peine à franchir les murs du blocus, que ce soit par la mer, par les airs ou par voie diplomatique.
Le bateau arrive à un moment où la pression internationale sur Israël s’accentue, notamment avec les premières plaintes pour complicité de génocide. Mais cette pression demeure rhétorique. Aucune puissance n’a imposé un embargo sur les armes. Aucune n’a réellement sanctionné Israël. Et pendant ce temps, des enfants meurent de faim à Rafah.
La Coalition à l’origine de cette initiatve le sait : il est peu probable que le voilier puisse accoster. La marine israélienne, par la voix du général Effie Defrin, a déjà affirmé être « prête ». L’expérience du Mavi Marmara en 2010, où une attaque israélienne fit neuf morts, reste dans toutes les mémoires. Des drones auraient déjà survolé le Madleen ces derniers jours. L’un d’eux, selon la Coalition, était un drone grec. Mais la tension reste palpable. Rima Hassan alerte : « En cas d’attaque par drone, nôtre navire ne tiendra pas. »
Les propos indignes d’un invité de BFM TV
En cas d’interception, les militants seront arrêtés. La cargaison confisquée. Et les gouvernements européens, s’ils se taisent encore, porteront une part de responsabilité politique et morale.
En attendant la désinformation bat son plein sur les chaines françaises d’information continue, Samedi 7 juin, sur BFM TV, Bruno Tertrais — directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique — a qualifié de « pantalonnade » le refus des dockers du port de Fos de charger des composants destinés à l’armée israélienne. Selon lui, « la France ne peut se passer de coopération militaire avec Israël ». Concernant le Madleen, il a affirmé que les passagers « se paient du bon temps », entre « apéros et autres loisirs » et qu’ils diffusent ces images. Aucun recadrage de la journaliste. Aucun rappel du droit international. Ce mépris, diffusé sans filtre, illustre le parti pris de certains médias français, bien plus prompts à diaboliser la solidarité qu’à dénoncer les crimes de guerre.
Mais ce cynisme médiatique ne suffira pas à arrêter l’histoire. Car ce que tente le Madleen, c’est plus qu’une traversée : c’est une ligne de rupture, entre ceux qui s’accommodent du crime et ceux qui, à mains nues, le dénoncent. Ce bateau aura parlé pour ceux qu’on bombarde et qu’on affame. Et dans cette mer devenue cimetière, il aura porté haut, pour quelques jours au moins, la voix de la dignité.