Négociations en Égypte : entre espoirs de paix et frénésie meurtrière israélienne
Un vent d’optimisme semble enfin souffler sur les négociations de Charm el-Cheikh. Taher al-Nounou, un dirigeant du Hamas présent en Égypte, l’affirme : les médiateurs déploient des efforts considérables, des listes de prisonniers ont été échangées et un esprit positif prévaut. Même l’administration Trump, par la voix de ses émissaires Jared Kushner et Steve Witkoff, salue ces avancées. Après des mois d’une guerre épouvantable la perspective d’un cessez-le-feu durable et d’un accord global est accueillie avec un soulagement prudent par l’opinion internationale impuissante.
Cette prudence est plus que jamais de mise. L’histoire récente nous a appris à nous méfier des revirements inattendus d’Israël. Qui peut oublier la rupture unilatérale de la dernière trêve, ou l’utilisation de la famine comme arme de guerre via un blocus humanitaire implacable ? Cet optimisme affiché ne doit pas servir de cache-misère à l’horreur qui se poursuit sans relâche sur le terrain. Alors que les diplomates parlent paix dans les palaces égyptiens, l’armée israélienne intensifie son œuvre de mort dans une bande de Gaza déjà réduite à l’état de champ de ruines. Des centaines de civils palestiniens sont quotidiennement massacrés sous les bombes, dans une frénésie destructrice qui donne l’impression qu’Israël cherche à exterminer un maximum de Palestiniens avant que les accords ne le contraignent à calmer ses ardeurs génocidaires. Parallèlement, la purification ethnique se poursuit silencieusement, des milliers de Palestiniens étant contraints à un exode définitif, sans espoir de retour. Le gouvernement de Benyamin Netanyahou fait comme si de rien n’était, jouant la carte de la normalité diplomatique tout en perpétuant son projet colonial et exterminateur.
Le retrait inconditionnel de l’armée israélienne, enjeu essentiel
La position du Hamas, exigeant des garanties américaines solides que la guerre prendra fin "une fois pour toutes", est non seulement légitime, mais essentielle. La défiance du mouvement palestinien envers Israël est une leçon tirée de décennies d’expérience. Le "plan Trump", s’il a été présenté comme une feuille de route pour la paix, faisait en réalité la part belle à l’occupant, entérinant l’annexion de territoires et niant les droits fondamentaux des Palestiniens. Comment imaginer une paix juste et durable sans le retrait total et inconditionnel de l’armée israélienne de la bande de Gaza ? Comment envisager l’avenir sans la fin du blocus étouffant et sans que les Palestiniens ne puissent enfin prendre en main leur propre destinée, libérés de la tutelle d’un pouvoir militaire étranger ? Les garanties demandées par le Hamas ne sont pas un caprice stratégique ; elles sont la condition sine qua non pour éviter que cette nouvelle trêve ne soit qu’un répit temporaire avant la prochaine offensive israélienne.
Marwan Barghouti, le nouvel espoir
Au cœur des négociations et des espoirs palestiniens se trouve un nom : Marwan Barghouti. Emprisonné depuis 2004, surnommé le "Mandela palestinien", il incarne une résistance populaire et une unité nationale que beaucoup croyaient perdues. Sa libération, ainsi que celle de 250 autres prisonniers condamnés à perpétuité, est une exigence clé du Hamas. À Ramallah et dans toute la Cisjordanie occupée, son éventuel retour suscite un immense espoir. Barghouti représente une alternative crédible, une figure consensuelle capable de rassembler le Fatah et le Hamas, et de parler d’égal à égal avec Israël pour construire une paix fondée sur la justice et la souveraineté, et non sur la soumission. Sa libération signerait la mort politique de Netanyahou et de ses ministres d’extrême droite, ouvertement génocidaires, qui ont fait de l’écrasement du peuple palestinien leur fonds de commerce. Elle ouvrirait la voie à une refondation du projet national palestinien et, peut-être, à la reconnaissance mutuelle de deux États vivant côte à côte dans une paix enfin possible.
Interception de la flottille "Global Sumud"
Pourtant, cet espoir se heurte à la réalité de l’intransigeance israélienne. L’interception en pleine mer, mercredi, de la flottille "Global Sumud" transportant des médicaments et des produits de nutrition pour les hôpitaux de Gaza en est la triste illustration. Alors que la population civile meurt de faim et de maladies, Israël ose qualifier cette mission humanitaire de "tentative futile" de "pénétrer dans une zone de combat". Cette logique meurtrière, qui criminalise l’aide humanitaire, démontre l’absence totale de volonté israélienne de mettre un terme à l’enfer gazoui. Les renforts diplomatiques à Charm el-Cheikh – Qatar, Turquie, États-Unis – pourront-ils infléchir cette machine de guerre ? Rien n’est moins sûr. La communauté internationale, et en premier lieu les États-Unis, porte une lourde responsabilité. Elle a, par son soutien indéfectible et son approvisionnement en armes, rendu possible ce bain de sang. Elle doit désormais imposer un cessez-le-feu immédiat, la levée du blocus et des sanctions contre l'État israélien pour ses crimes de guerre et crimes contre l'humanité.