Elections tunisiennes de 2014 les anciens de Ben Ali ont toutes leurs chances

Tunisie : les islamistes prêts à pactiser avec les officiels de l'ancien régime

Le parti islamiste Ennahda a annoncé qu'il était prêt à s'unir à ses rivaux historiques, ceux du régime Ben Ali, afin de former un gouvernement de coalition.
 
Les tunisiens se rendront aux urnes à la fin de ce mois, dans le cadre d'élections législatives. Un pas de plus dans le processus démocratique entammé l'année denière avec l'approbation de la nouvelle constitution. 
 
Rached Ghannouchi, le leader du parti islamiste Ennahda affirme que le pays a besoin d'un consensus national afin d'assurer une continuité dans la transition démocratique. 
 
Trois ans après la chute de Ben Ali, la Tunisie est considérée comme un modèle dans la région. Le pays a su éviter le chaos que subissent l'Egypte et surtout la Libye depuis les révoltes de 2011. 
 
"La Tunisie a encore besoin d'un consensus entre islamistes et anciens dirigeants car après les élections, nous resterons dans un processus de transition démocratique. Nous avons besoin d'un gouvernement de coalition pour faire face aux troubles potentiels dans la régions" a-t-il déclaré.
 
Ennahda, dont les leaders ont été emprisonnés ou exilés durant le reigne de Ben Ali, pourraient donc s'allier avec leurs ennemis d'hier. Le parti a obtenu environ 40% des sièges dans le parlement de transition et a participé au gouvernement avant de se faire écarter lorsque qu'une nouvelle crise politique éclate suite à l'assassinat de deux leaders de l'opposition. 
 
Les anciens du régime Ben Ali accueillis dans la liesse
 
Les compromis politiques ont permis à la Tunisie d'éviter un retour en arrière comme en Egypte ou en Libye, où des factions armées et leurs alliés politiques ont consititué des gouvernements parallèles. Le débat quant au rôle des anciens officiels dans le nouvel environnement politique est loins d'être tranché dans ces deux pays. 
 
En Tunisie, les proches de Ben Ali seront sans doute présents dans les élections parlementaires futures. Les analystes parlent même un succès dans certaines villes lors des élections municipales. 

Le retour en Tunisie de Mondher Zenaïdi, acceuilli à l’aéroport de Tunis par une foule de partisans est la dernière illustration de ce phénomène qui n’a cessé de prendre de l’ampleur ces derniers mois. Ce Ministre de Ben Ali de 1987 à 2011 qui précipitamment quitté le pays au lendemain de la révolution pour se réfugier en France peut faire tranquillement son retour dans un pays en mal d'hommes d'expérience.  Il n'a plus de raison de se cacher puisque le projet de loi d’exclusion – qui aurait exclu de la vie politique les personnes considérées comme des ex-soutiens de Ben Ali – n’a finalement pas été voté.
 
"Nous sommes au 21e siècle et nous devons nous concentrer avant tout sur l'économie, l'éducation et la santé" a tenu à affirmer Rached Ghannouchi.  Celui à qui l'on reprochait son manque d'expérience dans la gestion du pays et son laxisme face aux salafistes lorsqu'il était au gouvernement, semble prêt à tout pour revenir aux affaires.