France. Marches contre l’islamophobie : alerte face à une haine qui gangrène la société"

France. Marches contre l’islamophobie : alerte face à une haine qui gangrène la société

Des milliers de personnes sont attendues ce dimanche 12 mai dans plusieurs villes de France pour dénoncer la montée de l’islamophobie, dans un contexte politique et médiatique de plus en plus hostile aux musulmans. Ces rassemblements, organisés après le meurtre d’Aboubakar Cissé, tué le 25 avril dans une mosquée du Gard, entendent briser le silence face à une islamophobie désormais banalisée, alimentée par les discours incendiaires d’une droite et d’une extrême droite en quête de voix à quelques mois d’échéances électorales.

Un climat malsain entretenu par les politiques

La marche parisienne, partie de la place de la Bastille à 14h, s’inscrit dans une mobilisation nationale pour dire « stop à la progression de l’islamophobie ». « On appelle à un sursaut, un réveil », lance Amal Bentounsi, co-organisatrice et fondatrice du collectif Urgence notre police assassine, dénonçant le « déni des représentants politiques » face aux actes antimusulmans.

Car derrière ce drame se profile une réalité glaçante : la haine envers les musulmans, attisée par des responsables politiques qui jouent avec le feu. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, candidat à la présidence de son parti, incarne cette stratégie : à l’approche d’élections, la surenchère xénophobe et islamophobe devient un marronnier. Les amalgames entre islam et islamisme, la stigmatisation des fidèles musulmans, les déclarations provocatrices – tout est bon pour manipuler l’opinion et flatter l’électorat le plus réactionnaire.

« Une peur constante grandit dans la communauté musulmane », alerte Yassine Benyettou, du collectif RED Jeunes. « La parole décomplexée d’une partie de la classe politique porte atteinte à la sécurité d’une partie de la population française. »

Une mobilisation au-delà des cercles musulmans

À Lyon, Rennes et ailleurs, syndicats, partis de gauche et associations antiracistes répondent à l’appel. « Il faut que tout le monde prenne part au combat », insiste Sofia Tizaoui, lycéenne engagée, dénonçant une « banalisation de l’islamophobie ».

Signe d’un front élargi contre le racisme, des personnalités comme Annie Ernaux (prix Nobel de littérature 2022) Adèle Haenel ou Waly Dia ont signé une tribune dans Politis, tandis que des collectifs juifs, comme Tsedek, ou des figures religieuses, comme le rabbin Gabriel Hagai, apportent leur soutien. À l’Assemblée, Mathilde Panot (présidente du groupe LFI) rappelle que « l’islamophobie tue » et appelle à la mobilisation.

Les musulmans de France, premières victimes d’un poison politique

L’assassinat d’Aboubakar Cissé n’est malheureusement pas un cas isolé. Comme le souligne le collectif lyonnais On s’en mêle 69, il s’inscrit dans « la trop longue lignée des crimes racistes » qui souillent l’histoire française. Pourtant, la majorité des musulmans de France aspirent simplement à vivre leur foi en paix, dans le respect des lois de la République.

Mais le poison de l’islamophobie, distillé à des fins électoralistes, menace cette tranquillité. Les écologistes rennais dénoncent « la suspicion, voire l’hostilité envers la communauté musulmane », tandis que le PS 35 fustige « l’instrumentalisation politique » qui entretient la confusion entre islam et islamisme.

Dimanche, les manifestants enverront un message clair : la France ne doit pas sombrer dans la haine.