Relents du nazisme : le massacre des derniers témoins à Gaza

Relents du nazisme : le massacre des derniers témoins à Gaza

Dimanche 10 août, un bombardement ciblé de l’armée israélienne a tué cinq journalistes de la chaîne Al Jazeera à Gaza : les reporters Anas al-Sharif et Mohammed Qreiqeh, les photographes Ibrahim Zaher et Moamen Aliwa, ainsi que l’assistant Mohammed Noufal. En une nuit, Tel-Aviv a effacé l’intégralité de l’équipe de la chaîne encore présente dans la ville. Deux autres journalistes indépendants, Mahmoud Aliwa et Mohammed al-Khaldi, ont également péri dans cette frappe.

Ce crime survient le jour même où Benyamin Netanyahou annonçait l’occupation militaire de Gaza. L’objectif est clair : couper le dernier fil d’information sur les crimes commis dans l’enclave, agir à huis clos pour accélérer et achever le génocide en cours.

La rhétorique israélienne n’a pas tardé : Anas al-Sharif, 28 ans, figure emblématique de la couverture du siège de Gaza, a été présenté par l’armée comme un « chef de cellule terroriste » se faisant passer pour un journaliste. Une accusation immédiatement dénoncée par Reporters sans frontières (RSF) et par la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la liberté d’expression, Irene Khan, qui avait déjà alerté sur les menaces visant al-Sharif. Cette campagne de discrédit illustre une stratégie assumée : criminaliser la presse palestinienne pour justifier son élimination.

Un bilan sans précédent

Depuis le 7 octobre 2023, près de 270 journalistes ont été tués par l’armée israélienne, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et RSF. La plateforme Shireen.ps en dénombre 269. C’est l’hécatombe la plus lourde pour la profession depuis la Seconde Guerre mondiale.

Tel-Aviv, qui prétend désormais « inviter des journalistes étrangers » à Gaza, prépare ainsi une mise en scène macabre : montrer une terre vidée de ses habitants, prête à être annexée, après avoir éliminé ceux qui en rapportaient la réalité.

Ce massacre ne peut être compris sans rappeler le contexte : un blocus humanitaire total, une famine organisée, des morts civiles quotidiennes. Partout dans le monde, sociétés civiles et ONG expriment leur indignation. Mais sur la scène diplomatique, les États-Unis restent le seul soutien inconditionnel d’Israël, au point qu’il paraît impensable que ce duo puisse mener un génocide sans provoquer, tôt ou tard, un basculement international.

Briser le mur du silence

La France, de son côté, vient de proposer l’envoi d’une mission de l’ONU à Gaza – initiative que Washington devrait bloquer par veto. Pourtant, les lignes bougent. Les relents du nazisme qui s’exhalent de cette guerre commencent à ébranler les consciences.

Dans un texte posthume rédigé « au cas où l’armée israélienne le tuerait », Anas al-Sharif lançait :
« Je vous confie la Palestine, son peuple, ses enfants innocents… Je vous exhorte à ne pas laisser les chaînes vous réduire au silence, ni les frontières vous immobiliser. »

Son appel résonne comme un testament : briser le mur du silence est aujourd’hui plus urgent que jamais.