Cette exposition invite à une remontée dans l'histoire de Volubilis, site archéologique d'un territoire berbère marocain situé non loin de Meknès.

"Splendeurs de Volubilis": Le Maroc mis à l'honneur au Mucem

Le MUCEM (musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée) a  inauguré ce mardi 11 mars l'exposition "Splendeurs de Volubilis". Cette exposition est proposée dans le cadre de la succession d'expositions temporaires de son programme, centré sur les civilisations de la Méditerranée.

Cette exposition invite à une remontée dans l'histoire de Volubilis, site archéologique d'un territoire berbère marocain situé non loin de Meknès. Il s'agit d'une histoire lointaine, puisqu'elle remonte à l'antiquité, mais aussi d'une histoire culturellement riche, comme en témoigne l'incroyable longévité des sculptures de bronze mis au jour par les archéologues sur ce site, et datant de l'époque gréco-romaine, c'est à dire du XIe siècle avant Jésus-Christ au XIe siècle après Jésus-Christ .

Volubilis, site aujourd'hui classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, a été l'objet depuis le début du XIXe siècle, de fouilles archéologiques qui ont permis de révéler des trésors, nombreux objets d'arts, relatifs à tous les domaines de la vie, qu'ils soient politiques ou domestiques, témoins de la richesse de cette cité antique.

Une soixantaine d'œuvres, des statues, des bustes, en marbre ou en bronze sont exposées sur une superficie de 380m2, classées par catégories, par groupe d'influence. "Il est difficile de tout classifier parce qu’un certain nombre de ces pièces, surtout lorsqu'elles sont imitées de la période grecque, appartiennent à plusieurs typologies", a expliqué la conservateur du musée Myriame Morel-Deledalle, également commissaire pour 2014 des expositions "Splendeurs de Volubilis".

Ainsi, dans la catégorie des portraits politiques, en lien avec le pouvoir de l'époque, figurent une statue d'Agrippine, de Néron ( statue équestre) et ainsi que le buste de Juba II. "L’œuvre maîtresse, la plus aboutie en matière d'art est bien celle du buste en bronze de Juba II" a déclaré Myriame Morel-Deledall. Elle poursuivra en expliquant que Juba II, qui a régné sur la ville une cinquante d'années, soit de 25 avant Jésus-Christ  à 23 après Jésus-Christ  "était un personnage emblématique de l'image que l'on veut avoir de la Méditerranée". Le buste proviendrait des collections du musée archéologique de Rabat. 

Une autre pièce tout aussi importante est celle du buste de Caton, "exceptionnel" d'après la description du commissaire, car elle porte son nom gravé en lettres d'argent sur sa poitrine . Personnage emblématique, il avait pris parti avec Juba Ier pour lutter contre César au premier siècle avant J.C. Lorsque César gagne l'Afrique à la bataille de Thapsus, Caton se suicide à Utique ainsi que Juba premier qui avait été défait par César. 

Les deux bustes, celui de Caton et Juba se trouvant dans le même habitat, "une hypothèse veut que son propriétaire ait voulu rassembler là deux défenseurs de l'Afrique, de l'africanité" explique Myriame Deledalle. L'un ayant subi cette défaite et l'autre ayant devancé cette défaite en évitant de la subir en se suicidant. 

                                                                                                                                                                           Image retirée.

Pour ce qui concerne le décor domestique, des statues de marbre du silène ivre, celle du vieux pêcheur estropié et des statues d'animaux déclinés sous toutes les formes (cheval en bronze de l'époque d’Hadrien, chien prêt à bondir en bronze), révèlent l'aspiration ornementale et décorative des couches sociales les plus aisées.

Présentant des formes bien taillées, les traits et expressions du visage rendus avec un grand souci réaliste du détail, ces œuvres d'arts sont surgies du savoir-faire génial des bronziers antiques dont l'exposition invite par ailleurs à admirer des prototypes de moules, des outils et des photographies montrant les différentes étapes de fabrication de ces œuvres.

Découvertes pour la plupart à Volubilis, elles n'ont cependant pas été produites dans cette région mais viennent d'ailleurs, d'autres pays méditerranéens, aussi bien l'Italie que la Jordanie, ou la Turquie où des ateliers de fabrications ont été découverts.

Hors leur esthétique qui évoque la richesse des arts humains, ces "splendeurs de Volubilis" qui ont traversé les siècles, dans un incroyable état de conservation, incarnent à la perfection les dimensions de voyage, de rencontres et d'échanges possibles en Méditerranée.