Un des organisateurs, Khaled Boudjemaa, qui a été violemment agressé (Photo: page facebook de nawaat.org)

Tunisie: déchaînement de violence salafiste contre des évènements à caractère culturel

Les salafistes tunisiens se déchaînent dans la violence, attaquant avec sabres et gourdins organisateurs et participants à des manifestations culturelles organisées par des associations. Le parti au pouvoir, Ennahda, est accusé de complaisance envers ces groupes de délinquants religieux en raison de sa passivité.

Deux cent salafistes ont attaqué, dans la nuit de jeudi à vendredi à Bizerte (nord), un évènement organisé dans le cadre de la «Journée al-Aqsa» à laquelle participait Samir Kantar, un symbole de la résistance libanaise, faisant cinq blessés, rapporte la presse locale.

Les organisateurs de l’évènement ont critiqué les services de police qui ne sont intervenus qu’une heure après l’attaque. Quatre salafistes ont été arrêtés, a indiqué le ministère de l’Intérieur, selon la même source.

"A la Maison de la Jeunesse à Bizerte, environ 200 personnes affiliées au courant salafiste ont utilisé la violence pour empêcher une manifestation organisée par des associations à l'occasion de la Journée de Jérusalem pour dénoncer la présence de certains invités arabes", a déclaré le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.

La police a traîné les pieds…

Un des organisateurs, Khaled Boudjemaa a été violemment agressé (photo). Le site Nawaat rappelle qu’il est « l’un des premiers militants de la liberté qui sont descendus dans la rue en 2008 à Bizerte pour la première protestation publique contre le tyran Ben Ali pour dénoncer la transmission familiale du pouvoir ou sa prolongation ».

Selon Béchir Ben Chérifia, secrétaire général de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, alertée, la police aurait traîné les pieds, attendant une heure avant d'intervenir et de disperser le groupe.

Les salafiste protestaient contre la présence de Samir Kantar, un militant du Front de libération de Palestine (FLP), explique-t-on. Ce dernier a passé près de trente ans dans les prisons israéliennes avant d'être libéré en 2008 dans la cadre d'un échange avec le mouvement libanais chiite Hezbollah.

Aux yeux des salafiste, Samir Kantar n’est pas un résistant mais un tout simplement un «chiite» qui soutient le régime de Damas.

Annulations de festivals après menaces…

Des salafistes ont également occupé, mardi 14 août à Menzel Bourguiba (nord), la scène où devait se produire le comique Lofti Abdelli, accusé d’offense à l’islam.

Le lendemain à Kairouan, le groupe iranien Mehrab était empêché de se produire au Festival international de musique sacrée et soufie, pour cause de « chiisme », rapporte la presse locale.

Deux festivals ont été annulés cet été à la suite de menaces émanant des salafistes, sans pour autant provoquer une réaction du mouvement Ennahda au pouvoir, dont la complicité à présent évidente est dénoncée par les associations de défense des droits de l’Homme.