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France sans budget 2026 à la veille des fêtes : impasse politique, tension sociale

À quelques jours de Noël, la France se retrouve plongée dans une crise politique majeure : le Parlement n’a pas adopté de budget pour 2026, laissant le pays fonctionner sous une loi de finances de transition et ravivant inquiétudes et frustrations dans une société déjà tendue.

C’est un coup de théâtre presque systémique dans l’agenda politique et économique du pays. Vendredi matin, la commission mixte paritaire – chargée de concilier les textes budgétaires entre l’Assemblée nationale et le Sénat – a annoncé son échec. Après des heures de discussions infructueuses, députés et sénateurs n’ont réussi à dégager aucun terrain d’entente sur les chiffres-clés du budget 2026, condamnant de fait l’examen et le vote du projet de loi avant la fin de l’année.

Dans la foulée, le Premier ministre Sébastien Lecornu a reconnu la situation : il n’est “pas possible de voter un budget avant la fin de l’année”. Il a annoncé consulter, dès lundi, les dirigeants politiques pour préparer les prochaines étapes. Pendant ce temps, le texte de loi anticipe un report de la loi de finances de transition – une mesure technique permettant à l’État de continuer à dépenser, percevoir des recettes et emprunter sans nouvelle loi définie. Cette solution, toutefois, est une réserve temporaire loin d’être satisfaisante pour les acteurs économiques et les partenaires européens.

Les marchés financiers ont immédiatement réagi à cette annonce politique qui survient alors que la Banque de France venait de rehausser ses prévisions de croissance pour 2025 et les années suivantes, à condition que l’incertitude politique se dissipe. Les projections macroéconomiques publiées vendredi montrent un rebond du produit intérieur brut et une inflation maîtrisée sous la barre des 2 %, soulignant que la croissance pourrait être plus forte que prévue – mais dépend largement de la sortie de l’impasse budgétaire.

Ce bluff institutionnel à quelques jours des grandes vacances d’hiver ne se résume pas à un débat comptable. Il en dit long sur la fragilité politique de la France actuelle. Depuis les élections législatives anticipées de 2024, aucun parti n’a réussi à s’imposer avec une majorité solide. Cette fragmentation a déjà coûté trois gouvernements, et les budgets annuels deviennent des champs de bataille idéologiques, plus que des exercices techniques de prévision économique. Les dissensions portent notamment sur la réduction du déficit, les dépenses sociales, la fiscalité, et les réformes structurelles appelées de leurs vœux par la Commission européenne.

Un pays en situation de “budget pilote automatique”

L’échec d’aujourd’hui réveille aussi des inquiétudes dans la société française. À l’approche des fêtes, les ménages et les entreprises cherchent à anticiper leurs dépenses, leurs investissements, leurs embauches. La suspension de l’adoption d’un budget stable risquerait de peser sur la confiance, malgré les signaux économiques positifs. Les organisations patronales et professionnelles interpellent déjà le gouvernement pour plus de clarté sur les mesures qui seront mises en œuvre en 2026.

Un pays en situation de “budget pilote automatique”, c’est ainsi que certains commentateurs décrivent désormais la France : un État qui continue de fonctionner mais sans cap budgétaire clair pour une année pleine. Cette configuration pourrait durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois, si les partis ne parviennent pas à dégager un compromis avant l’ouverture de l’année parlementaire.

Au-delà des chiffres, c’est la crise de représentation politique qui se révèle. L’impasse institutionnelle expose une démocratie fragmentée, où les alliances traditionnelles se sont effritées et où les arbitrages politiques deviennent de plus en plus difficiles. À l’heure où d’autres défis pèsent – mobilisation agricole, débats sur les échanges internationaux ou encore enjeux sociaux –, la question centrale demeure : la France est-elle capable de définir et d’adopter une trajectoire budgétaire claire avant la fin de l’hiver ? Seule la reprise des discussions politiques, prévue à partir de lundi, pourra répondre à cette interrogation.

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