Gaza : l’aide humanitaire devenue zone de tirs israéliens, l’UNRWA dénonce une « abomination »

Gaza : l’aide humanitaire devenue zone de tirs israéliens, l’UNRWA dénonce une « abomination »

Ce mardi matin (24 juin), au sud de la bande de Gaza, des dizaines de Palestiniens affamés se sont rassemblés près d’un point de distribution de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), une organisation soutenue par Israël et les États-Unis. Ils espéraient obtenir de la nourriture pour leurs familles. Au lieu de cela, ils ont été mitraillés par l’armée israélienne. Bilan : 25 morts, selon la Défense civile palestinienne. Depuis le début de la journée, le nombre de victimes s’élève à 46 tués, dans ce qui ressemble de plus en plus à une chasse aux civils.

La GHF, présentée comme un canal d’assistance, est devenue un piège mortel pour les Gazaouis. Depuis son intervention fin mai, plus de 410 Palestiniens ont été abattus par les soldats israéliens en tentant d’accéder à ses distributions. L’UNRWA, l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, dénonce une « abomination ».

« Ce mécanisme humilie et dégrade les personnes désespérées. C’est un piège qui coûte plus de vies qu’il n’en sauve », a déclaré Philippe Lazzarini, commissaire général de l’UNRWA, lors d’une conférence de presse à Berlin.

L’ONU accuse : « Crime de guerre »

Le bureau des droits de l’homme des Nations unies a qualifié ces attaques de «crime de guerre», rappelant que « l’utilisation de la famine comme arme est illégale ». Pourtant, les tirs ciblés sur les civils affamés continuent.

« L’armée israélienne doit cesser de tirer sur des gens qui cherchent à manger », a insisté Thameen Al-Kheetan, porte-parole de l’ONU. En vain.

Un génocide sous silence médiatique

Pendant que ces crimes se répètent, le monde détourne le regard. La guerre avec l’Iran, déclenchée le 13 juin par une agression israélienne, a absorbé l’attention des médias. L’offensive à Gaza continue dans l'indifférence. Les Palestiniens meurent, la famine s’installe, les tueries se poursuivent. La parole internationale, elle, se dérobe.

L’Europe tergiverse au sujet de la suspension de l’accord d’association avec Israël, malgré les appels de la société civile. En France, le Quai d’Orsay aligne les déclarations générales sur le cessez-le-feu, mais ne propose aucune sanction concrète. Dans les faits, Paris s’est discrètement rangée aux côtés de Tel-Aviv et se rend complice des actes épouvantables de l’armée israélienne.

Depuis le 7 octobre 2023, plus de 56 000 Palestiniens ont été tués dans l’offensive israélienne, dont 5 759 depuis la rupture du cessez-le-feu le 18 mars. Pourtant, ces massacres disparaissent des radars médiatiques, éclipsés par la guerre Israël-Iran et les calculs politiques occidentaux.

Alors que la famine s’aggrave, les survivants de Gaza n’ont plus qu’un choix : mourir sous les bombes ou mourir de faim. 

 

Chiffres-clés : la GHF, une aide mortelle

Depuis le début de ses opérations le 26 mai, la Gaza Humanitarian Foundation (GHF) --soutenue par Israël et les États-Unis- est devenue le théâtre d’un carnage silencieux. Sous couvert d’aide humanitaire, elle sert de point de fixation pour des tirs meurtriers de l’armée israélienne.

  • 410 Palestiniens tués alors qu’ils tentaient d’accéder à l’aide alimentaire.

  • 93 autres personnes abattues en approchant des convois humanitaires onusiens.

  • Plus de 3 000 blessés recensés dans ces circonstances.

  • 46 morts supplémentaires rien que le mardi 24 juin autour d’un point de distribution GHF près de Rafah.