Le front palestinien qui se lézarde... (DR)

Les palestiniens à nouveau divisés, Israël s’engouffre dans la brèche

L’union palestinienne, scellée il y à peine un an par un accord entre le Fatah de Mahmoud Abbas et le Hamas, vole en éclats. Le gouvernement d’union constitué de technocrates cède la place à un exécutif plus « politique ». Israël se saisit de l’opportunité pour jouer la carte de la division entre les deux parties et éloigner un peu plus la perspective d’un État palestinien.

Mahmoud Abbas «m’a précisé que dans ce gouvernement d’union nationale ne pourraient siéger que des femmes et des hommes qui reconnaissent Israël, qui renoncent à la violence et qui sont en accord avec les principes du quartette» pour le Proche-Orient (Nations unies, Union européenne, États-Unis et Russie), a déclaré Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, en visite dans la région, le 21juin. Ce qui exclut en principe le Hamas.

Maître absolue sur la bande de Gaza, ce dernier n’a, semble-t-il, rien cédé de son emprise au plan sécuritaire et il a surtout posé comme exigence l’intégration de quelques 25 000 salariés gazaouis dans la fonction publique palestinienne.

Le front palestinien qui se lézarde ainsi fait dans tous les cas l’affaire d’Israël. L’État hébreux s’engouffre dans la brèche. L’objectif étant d’isoler l’Autorité palestinienne et de dresser de nouveaux obstacles à la création d’un État palestinien.

Le Hamas rêve d'autonomie...

Des «contacts indirects» entre Israël et le Hamas auraient été établis grâce à des intermédiaires arabes et européens en vue d’une longue trêve (5 ans selon certaines sources). L’organisation islamiste qui négocierait des conditions de circulation entre le territoire occupé et Israël caresserait même l’idée d’un fonctionnement autonome de l’enclave gazaouie sous son contrôle exclusif. La perspective à elle seule contribue à affaiblir la position palestinienne désormais confrontée à un exécutif israélien très à droite, sous haute influence des colons.

Rendu dimanche dernier à Ramallah, en territoire palestinienne, Laurent Fabius a timidement évoqué la relance des négociations gelées depuis avril 2014. Il s’est d’ores et déjà heurté à l’intransigeance israélienne. Le premier ministre, Benjamin Netanyahu, y a vu «une tentative d’imposer des diktats internationaux», promettant de «s’y opposer avec force». Le chef de la diplomatie française a été contraint de se justifier. «Il faut proposer des éléments en comprenant bien les parties, en ayant une idée claire sur l’objectif et ensuite faire un travail pour essayer de faciliter les choses», a-t-il rassuré lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue palestinien Ryad al-Malki.

La France qui tarde à franchir le pas pour la reconnaissance d’un État palestinien, seule véritable pression sur Israël, continue ainsi à prêcher inutilement la bonne parole. Pas de quoi inquiéter la droite dure et les colons aux commandes.