France. Crues dans l’Hérault : une vigilance rouge prolongée, des communes isolées et des secours sous tension
À deux jours de Noël, l’Hérault vit l’un des épisodes de crue les plus intenses de ces dernières années. Plusieurs communes du centre et de l’ouest du département sont coupées du monde, tandis que les secours multiplient les interventions dans des conditions rendues périlleuses par la persistance des pluies et la montée brutale des cours d’eau.
Les images rappellent celles de 2014 ou 2020 : routes submergées, voitures abandonnées, familles évacuées sous la pluie battante. Ce mardi 23 décembre 2025, la préfecture de l’Hérault maintient la vigilance rouge crues pour plusieurs bassins versants, notamment ceux de l’Orb, du Lez et de la Mosson. Les pluies diluviennes tombées depuis dimanche ont fait gonfler les rivières jusqu’à des niveaux jamais enregistrés depuis près d’une décennie.
À Béziers, la situation reste particulièrement préoccupante. L’Orb a atteint des hauteurs exceptionnelles dans la nuit de lundi à mardi, forçant la fermeture de plusieurs axes, dont la D612 et la D19. Des quartiers périphériques ont été inondés en quelques heures. « Nous avons procédé à plus de 150 interventions depuis hier soir, principalement pour des mises en sécurité et des évacuations préventives », indique un officier du SDIS 34 joint tôt ce matin.
À Lodève, c’est la Lergue qui déborde, menaçant plusieurs hameaux. Une dizaine de familles ont été relogées temporairement dans une salle communale. Plus au sud, à Montpellier, les fortes précipitations ont saturé le réseau pluvial sans provoquer de dégâts majeurs, mais le Lez reste sous surveillance constante. « Les sols sont gorgés d’eau, le moindre nouvel épisode pourrait relancer les débordements », prévient Météo-France, qui maintient également trois autres départements — le Gard, l’Aude et les Pyrénées-Orientales — en vigilance orange.
Des routes coupées et des secours mobilisés sans relâche
Les services de secours, appuyés par la gendarmerie et les élus locaux, ont mis en place un dispositif de crise dans une quinzaine de communes. À Saint-Gervais-sur-Mare, le village est désormais accessible uniquement par un axe secondaire, les ponts principaux ayant été submergés. Dans la vallée de l’Orb, les habitants de Roquebrun ont passé la nuit sans électricité. Les pompiers ont également dû intervenir à Lamalou-les-Bains pour évacuer une maison de retraite menacée par la montée des eaux.
Les transports sont fortement perturbés : la circulation ferroviaire entre Béziers et Bédarieux est suspendue, et plusieurs lignes de bus départementales sont interrompues. Sur les réseaux sociaux, les maires appellent à la prudence. « Ne prenez pas la route si ce n’est pas absolument nécessaire. Les cours d’eau restent dangereux, même après la décrue », a insisté la préfète de l’Hérault dans un message publié dans la matinée.
Du côté du littoral, les pluies cessent progressivement, mais les vents violents continuent de compliquer les opérations de pompage et d’évacuation des eaux. Le port de Sète, brièvement fermé hier, a rouvert partiellement. Les pêcheurs, eux, restent à quai.
À l’heure où les habitants s’apprêtent à célébrer les fêtes, le contraste est saisissant. Dans plusieurs villages du Haut-Languedoc, les habitants nettoient leurs maisons inondées. À Béziers, les services municipaux distribuent des kits de nettoyage et de première nécessité. « On essaie de garder le moral, mais c’est dur de voir l’eau reprendre tout ce qu’on a préparé pour Noël », confie une habitante sinistrée.
La décrue amorcée ce mardi après-midi ne suffira pas à effacer les dégâts. Les autorités annoncent déjà la mise en place d’une procédure de reconnaissance de catastrophe naturelle. Une cellule d’aide psychologique a été ouverte à Lodève pour les familles les plus touchées.
Dans l’attente du retour du calme, les services de l’État appellent à la vigilance et à la solidarité. « La situation reste instable, mais la mobilisation de tous montre une fois de plus la résilience du territoire », a salué la préfète de région ce matin. Une région qui, à la veille de Noël, aura vécu un nouveau rappel brutal de sa vulnérabilité face aux colères de la Méditerranée.