l’univers du chaâbi à cette époque était fermé, compliqué et parano. El Anka y est entré par effraction et il s’est fait un nom par lui-même..." (DR)

Algérie: Noureddine Fethani parle d’El Hadj M’hamed El Anka

La librairie Chaib Dzair de l’Anep, à Alger-Centre, a accueilli l’auteur et homme de culture, Nourredine Fethani, pour parler du "Cardinal" : le regretté Hadj M’hamed el Anka.

"El Anka a appris au début auprès du Cheikh Saidi, mais ce dernier était jaloux de son talent. L’univers du chaâbi à cette époque était fermé, compliqué et parano. El Anka y est entré par effraction et il s’est fait un nom par lui-même", a expliqué Nourredine Fethani.

Selon lui, M’hamed El Anka ne serait pas le précurseur du chaâbi puisqu’il "a le mérite d’avoir développé la poésie arabe populaire de sa forme primitive en un véritable genre de musique afin de l’adapter à un auditoire qui change avec le temps ».

El Anka se distinguait par son rythme envoûtant mais surtout par sa diction spéciale. "C’était sa façon de déclamer le q’cid, c’est absurde de penser qu’il le faisait exprès pour ne pas être compris", a souligné Nourredine Fethani. "Il s’intéressait à tous les genres musicaux du monde, notamment au jazz et au blues qui sont, tout comme le chaâbi, des genres "sauvages", dans le sens où ils ne se sont pas élaborés sur les règles du solfèges.

Ce sont des musiques qui demandent beaucoup de génie et de créativité, beaucoup d’improvisation aussi, comme c’était le cas d’El Anka, pour faire jaillir un chant de liberté ", a-t-il expliqué. Né en 1907 à Bab Jdid dans la Haute Casbah, Aït Ouarab Mohamed Idir de son vrai nom est originaire d’Azeffoun.

M’hamed El Anka a chanté également en amazigh pour proclamer ses origines. Issu d’une famille pauvre il a été contraint d’exercer divers petits boulots afin de subvenir aux besoins de sa famille. Décédé en 1978, El Anka aura interprété, au cours de sa riche carrière, près de 360 poésies (q’caid) et produit environ 130 disques.

Source: Quotidien Algérien Midi Libre