Bardella : 133 000 euros pour apprendre à sourire
Le président du Rassemblement National cumule les casseroles européennes. Selon Le Canard Enchaîné, Jordan Bardella aurait bénéficié de 133 300 euros d'argent public pour des séances de media-training destinées à lui apprendre à sourire et faire sérieux. Parallèlement, la justice française a validé qu'il pouvait être qualifié d'assistant parlementaire fantôme pour un emploi rémunéré 10 444 euros en 2015.
L'affaire révélée par Le Canard Enchaîné a fait l'effet d'une bombe. Entre 2019 et 2021, le patron du RN aurait suivi des sessions intensives de formation média financées par le groupe parlementaire Identité et Démocratie, la famille politique du parti à Strasbourg et Bruxelles. Au programme : cours de diction, gestion du stress, maîtrise de la voix, travail du sourire et présence face à la caméra.
Le marché a été attribué à une entreprise nommée Humeau, sélectionnée sur proposition de Bardella lui-même. Selon l'hebdomadaire satirique, l'appel d'offres aurait été truqué et la société choisie n'aurait pas rempli les conditions requises pour remporter ce contrat.
Un coaching pour la présidentielle 2022 aux frais de l'Europe
Plus troublant encore : la plupart des séances n'auraient pas servi à discuter de l'actualité européenne, mais auraient principalement été utilisées pour préparer Bardella pour la communication du RN pendant la campagne présidentielle de Marine Le Pen en 2022. Un détournement de l'objectif initial qui a poussé l'association A/C Anti-Corruption à déposer plainte le 5 décembre auprès du Parquet national financier pour détournement de fonds publics.
Cette révélation intervient alors que le passé européen de Jordan Bardella refait surface. En mars 2025, le tribunal de Paris a rejeté sa plainte en diffamation contre le quotidien Libération, qui l'avait qualifié d'assistant parlementaire fantôme. Le journal avait révélé qu'entre février et juin 2015, Bardella avait été rémunéré 10 444 euros comme assistant de l'eurodéputé Jean-François Jalkh, sans avoir laissé aucune trace de travail effectif.
Selon le journaliste Tristan Berteloot dans son ouvrage La Machine à gagner, le président du RN aurait même aidé à produire de fausses preuves pour justifier a posteriori son activité. Une accusation grave que le tribunal n'a pas considérée comme diffamatoire, validant ainsi le qualificatif de fantôme.
Malgré ces affaires, Jordan Bardella reste en tête des sondages de confiance des Français avec 42%, devant Marine Le Pen (39%). Ironie du sort, alors que le gouvernement impose des mesures d'austérité, celui qui prétend défendre le pouvoir d'achat des Français aurait largement profité de l'argent public européen pour peaufiner son image. Le Parlement de Bruxelles, échaudé par ces révélations, a d'ailleurs refusé récemment de financer le directeur de cabinet de Bardella comme assistant parlementaire, estimant ne pas pouvoir distinguer ses missions officielles de son travail pour le parti.