PER 2026 : fin de l'avantage fiscal après 70 ans, ce que les seniors doivent savoir
Mauvaise nouvelle pour les épargnants seniors : le Sénat a adopté une mesure qui pourrait mettre fin à l'une des stratégies de défiscalisation les plus populaires chez les plus de 70 ans. Dans le cadre du projet de loi de finances 2026, les sénateurs ont voté la suppression de la déduction fiscale des versements sur le Plan d'Épargne Retraite (PER) pour toutes les personnes ayant dépassé cet âge. Une décision qui bouleverse les plans de nombreux retraités aisés et remet en question l'intérêt même de ce produit d'épargne pour cette tranche d'âge.
Depuis sa création en 2019, le Plan d'Épargne Retraite a connu un succès fulgurant auprès des Français, et tout particulièrement des seniors disposant de revenus confortables. Le mécanisme est simple et attractif : chaque euro versé sur un PER peut être déduit du revenu imposable, dans la limite d'un plafond annuel. Pour un contribuable fortement imposé dans les tranches supérieures du barème de l'impôt sur le revenu, l'économie fiscale peut atteindre 45% du montant versé, soit 4 500 euros économisés pour 10 000 euros placés.
Cette générosité fiscale a naturellement attiré les contribuables les plus aisés, notamment les retraités percevant des pensions élevées ou disposant de revenus complémentaires importants. Certains conseillers en gestion de patrimoine recommandaient même à leurs clients septuagénaires d'effectuer des versements massifs sur leur PER dans les dernières années de leur vie, permettant ainsi de réduire considérablement leur impôt sur le revenu tout en constituant un capital transmissible aux héritiers dans des conditions fiscales avantageuses.
C'est précisément cette pratique que le gouvernement et les sénateurs entendent désormais combattre. Dans leur esprit, le PER a été conçu comme un outil de préparation à la retraite, pas comme un véhicule d'optimisation fiscale et de transmission patrimoniale pour des personnes déjà retraitées depuis parfois plus d'une décennie. La suppression de l'avantage fiscal après 70 ans vise donc à « recentrer le dispositif sur sa vocation première », selon les termes employés dans les débats parlementaires.
Quelles conséquences concrètes pour les épargnants seniors
Si cette mesure est définitivement adoptée dans la loi de finances 2026, les conséquences seront importantes pour de nombreux foyers. Concrètement, à partir de l'entrée en vigueur du texte, tout versement effectué sur un PER par une personne âgée de plus de 70 ans ne pourra plus être déduit de son revenu imposable. Le placement reste possible, mais il perd son principal attrait : la défiscalisation à l'entrée.
Pour les seniors qui avaient prévu d'effectuer des versements importants sur leur PER dans les années à venir, c'est un véritable coup dur financier. Prenons l'exemple d'un retraité de 72 ans imposé à 41% qui prévoyait de verser 20 000 euros par an sur son PER jusqu'à ses 80 ans. Avec les règles actuelles, il aurait économisé 8 200 euros d'impôts chaque année, soit 65 600 euros sur huit ans. Avec la nouvelle règle, cette économie tombe à zéro, rendant l'opération nettement moins intéressante.
Les professionnels de la gestion de patrimoine anticipent déjà un « rush » des versements avant l'entrée en vigueur de la mesure. Les seniors qui en ont les moyens pourraient être tentés de maximiser leurs versements dès 2025 pour profiter une dernière fois de l'avantage fiscal. Une stratégie qui pourrait temporairement gonfler les encours des PER, avant une probable décrue les années suivantes chez les plus de 70 ans.
Cette réforme du PER s'inscrit dans un mouvement plus large de remise en question des avantages fiscaux accordés aux retraités les plus aisés. Le PLF 2026 prévoit également de modifier l'abattement de 10% sur les pensions de retraite, le remplaçant par un abattement forfaitaire de 2 000 euros pour un célibataire et 4 000 euros pour un couple. Un changement qui avantagerait les petites retraites mais pénaliserait les pensions les plus élevées.
Les associations de retraités et les syndicats de gestionnaires de patrimoine ont vivement réagi à ces annonces. Pour les premiers, il s'agit d'une « nouvelle attaque contre les seniors » qui ont travaillé toute leur vie et méritent de pouvoir optimiser légalement leur fiscalité. Pour les seconds, c'est un signal négatif envoyé à l'épargne longue, dans un pays qui a pourtant besoin de capitaux pour financer son économie et ses entreprises.
Du côté du gouvernement, on assume pleinement ce choix politique. L'objectif affiché est de faire contribuer davantage les Français les plus aisés à l'effort de redressement des finances publiques, quel que soit leur âge. Le ministre des Finances a rappelé que les contribuables concernés par cette mesure font partie des « 10% les plus riches » de la population française et disposent de marges de manœuvre financières que n'ont pas les retraités modestes.
En attendant l'adoption définitive du budget 2026, les épargnants seniors sont invités à consulter leur conseiller fiscal ou leur banquier pour adapter leur stratégie patrimoniale. Certaines alternatives au PER pourraient retrouver de l'attrait, comme l'assurance-vie qui conserve ses avantages en matière de transmission, ou les investissements dans l'économie réelle via les dispositifs de réduction d'impôt comme la loi Madelin ou le FCPI. Une chose est certaine : la fiscalité de l'épargne retraite n'a pas fini de faire débat dans les mois et années à venir.